Entre les châteaux de la Loire et Le Mans et ses 24 heures, mondialement connus, le sud sarthois se fait discret, secret et intime. Et si c’était là, dans ce monde ancestral, que l’avenir de la France s’était joué … ou pas ?
Située dans l’ouest de la France, à environ 250 kilomètres de Paris, l’abbaye de Solesmes domine la vallée de la Sarthe en amont de Sablé-sur-Sarthe, à mi-distance entre Angers et Le Mans, la ville où François Fillon s’est découvert une passion pour les courses de voitures.
La communauté des Bénédictins est mondialement connue pour avoir retrouvé les sources du chant grégorien qu’elle chante à l’office. C’était un lundi, vers 19h, en provenance de Malicorne et ses bateaux, que nous sommes arrivés à Solesmes. Un petit tour du village et nous étions devant l’abbaye.
La précision des moines Bénédictins
Une petite dame attendait l’ouverture de la porte qui lui donnait accès à la chapelle de l’abbaye : « J’habite depuis quelques mois à Solesmes, avant je vivais à Cahors. Je me suis installée ici pour pouvoir suivre tous les offices. Il reste une quarantaine de secondes. Croyez-moi, le Frère Portier n’ouvrira pas avant l’heure. La précision des moines Bénédictins est légendaire ».
Après avoir assisté aux Complies, nous avons rejoint Sablé, célèbre pour ses biscuits mais aussi parce que François Fillon y fut maire, de 1983 à 2001. Mais dès le lendemain matin, c’était le retour à Solesmes, où nous avions rendez-vous à dix heures précises avec le Père Rochon, un érudit et un homme très chaleureux : « Très jeune, j’ai désiré être moine, mais mon père n’approuvait pas. J’ai attendu ma majorité pour rejoindre Solesmes en 1957. J’ai toujours vécu dans cette abbaye, hormis deux ans pour mon service en Algérie. Je suis un homme heureux et libre. Nous sommes une petite cinquantaine de moines. Nous sommes intimement liés avec le chant grégorien. La lecture est un des piliers de la règle ».
Pour hommes seulement
Des moines dont L’hôtellerie n’accueille que des hommes, en silence. Les femmes ou les familles peuvent loger dans des maisons du village appartenant aux moines. Les Bénédictins possèdent la moitié du foncier de Solesmes.
Tous peuvent participer à la prière de la communauté et demander une aide spirituelle auprès d’un moine. Également hors clôture, dans un cadre magnifique, à deux cents mètres de l’abbaye, une ancienne marbrerie est disponible pour les groupes, spécialement les jeunes, à motivation religieuse. Les scouts qui désirent camper sont également les bienvenus.
« Nous avons aussi nos pauvres, continue le père Rochon. Chaque jour, un ou deux vagabonds sont hébergés. Nous sommes actifs dans la commune et nous avons un représentant au conseil municipal depuis 1860. Généralement, c’est le Père économe qui est délégué par le Père abbé pour participer aux activités de Solesmes. »
La convocation
En effet, la convocation du conseil municipal du 19 septembre 2016 mentionne la présence du Père Jean-Philippe Duval. Il faut savoir que les religieux et les religieuses correspondent à plus d’un dixième des électeurs. Une surprise nous attend à la lecture de ce document quand on remarque l’absence de madame Pénélope Fillon. Eh oui, la quasi future première femme de France est conseillère à Solesmes.
« Les Fillon ont fait l’acquisition, en 1993, du manoir de Beaucé, une demeure du XVIIIe siècle en bordure de Sarthe, explique Patricia Chevalier, responsable du pôle touristique de La Sarthe. François Fillon y vient régulièrement avec sa femme et leurs cinq enfants ».
Fillon couvert d’éloges…
Quant aux Bénédictins, ils ne tarissent pas d’éloges à propos des Fillon et sont heureux de voir le candidat à la présidence de la France les rejoindre pratiquement chaque année pour la fête de l’Épiphanie, quand l’abbaye invite les conseillers municipaux à déjeuner. Les conseillers, pas les conseillères, fûrent-elle Première Dame de France. De quoi donner raison à Juppé sur un point : « Fillon appartient à la famille traditionaliste sur le rôle des femmes, sur la famille et le mariage ».
Qu’importe à Solesmes, la percée de Fillon prouve que le conservatisme peut résister au populisme et la messe semble être dite pour Juppé.
Note de la rédaction :
Cet article a été publié la première fois dans Pagtour le 24 novembre 2016. Il nous a semblé intéressant de le republier aujourd’hui alors que François Fillon est empêtré dans l’affaire qu’on connaît … Mais on ne peut que savourer sa relecture. L’absence (déjà) de Pénélope Fillon au conseil municipal ou encore la dernière phrase d’Alain Juppé sur la vision des femmes « bien à leur place » de l’ensablé de la Sarthe selon un titre du Canard Enchaîné…
Car c’est une femme « bien à sa place », tellement bien qu’on se demande où elle se situait, sa propre femme, qui l’entraîne aujourd’hui dans les affres d’une procédure judiciaire dont on ne sait comment elle finira, pour lui, pour elle, pour leurs enfants. Convoqué devant les juges le 15 mars prochain (soit 2 jours avant le dépôt des 500 parrainages d’élus de la République pour officialiser sa participation aux élections présidentielles – ndlr), il se rendra au palais de justice … là où Marine Le Pen s’y refuse … Les électeurs jugeront … Plus que 52 jours à attendre pour le 1er tour des présidentielles françaises…
La vie n’est décidément pas un long fleuve tranquille… surtout pour François Fillon en ce moment. Dieu lui a mis un sacré obstacle sur sa route… Lui donnera-t-il la force de le surmonter ? Inch Allah !
HD