En ambassadeur de « L’Amérique d’abord », Donald Trump cherche à rattraper ses dérapages passés, politiques et économiques, face à l’élite mondiale rassemblée à Davos.
Le président américain entend ainsi plaider pour un commerce mondial « juste » mais « équitable » devant le Forum économique mondial, une audience allergique à ses envolées protectionnistes.
Selon un haut responsable américain, quand il prendra la parole à 13h00 GMT pour une quinzaine de minutes, le chef de l’État devrait aussi dénoncer tout ce qui fait obstacle à des échanges marchands basés sur la « réciprocité »: « le vol de propriété intellectuelle, les transferts de technologie forcés et les subventions à l’industrie ».
« VRP » des États-Unis
Voilà qui serait un message bien consensuel pour le milliardaire de 71 ans, qui est d’abord là pour convaincre les maîtres de la finance et les PDG réunis depuis mardi dans la très chic station de ski suisse d’investir en masse aux États-Unis.
« Si vous ne vous faites pas le représentant de commerce de votre entreprise ou de votre pays, ça ne marche pas », a dit Donald Trump aux chefs d’entreprises européens avec lesquels il a dîné jeudi soir en marge du Forum économique mondial.
En 2017, ce grand rendez-vous du libre-échange et au multilatéralisme avait été douché par le discours très agressif du nouveau président américain lors de sa cérémonie d’investiture.
« Le vrai message, c’est que nous voulons une grande prospérité et une grande paix », a dit Donald Trump aux PDG jeudi. Face à lui, se trouvaient des PDG tels que Joe Kaeser (Siemens), Mark Tucker (HSBC) ou Patrick Pouyanné (Total), qui n’ont certainement rien à redire à la forte baisse des impôts sur les sociétés décidée aux États-Unis. Ni aux niveaux record de Wall Street.
Donald Trump a aussi surpris beaucoup de monde en confiant à la chaîne CNBC être prêt à adhérer au partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP pour son acronyme en anglais) dont il avait pourtant claqué la porte il y a tout juste un an.
Le président américain en a par-dessus le marché cherché à calmer les craintes de guerre des monnaies suscitées par son administration. « Je veux voir un dollar fort », a affirmé M. jeudi Trump à CNBC. Son secrétaire d’état au Trésor, Steven Mnuchin, avait au contraire loué mercredi les vertus d’un dollar plus faible pour les exportateurs américains, une attitude déloyale aux yeux des partenaires commerciaux des États-Unis.
Le président américain a aussi tenté de tourner la page de scandales diplomatiques, ainsi en priant le chef d’État rwandais Paul Kagame, président de l’Union Africaine, de transmettre « ses sentiments chaleureux » aux chefs d’États du continent. L’UA, qui se réunit en sommet les 28 et 29 janvier à Addis Abeba, avait condamné mi-janvier les remarques « blessantes » de Donald Trump à l’encontre de plusieurs nations africaines qualifiées de « pays de merde » dans des propos rapportés par des médias.
Contrition
Par ailleurs, dans un rare acte de contrition, Donald Trump s’est excusé d’avoir retweeté des vidéos islamophobes relayées par un groupe d’extrême-droite britannique.
« Si vous me dites que ce sont des gens horribles, des gens racistes, je m’excuserai certainement si vous souhaitez que je le fasse », a déclaré Donald Trump dans une interview à ITV dont un extrait a été diffusé vendredi, en faisant référence au mouvement extrémiste Britain First.
La veille, il avait loué son « excellente relation » avec la Première ministre britannique Theresa May, tous deux essayant d’afficher une entente retrouvée.
Visiblement content de l’accueil qui lui est fait par les puissants de ce monde, Donald Trump s’était rengorgé: « Il n’y a jamais eu à Davos une telle foule », en arrivant vendredi matin au centre des Congrès de la station de ski suisse.
Son humeur ne semblait pas ternie par de nouvelles révélations autour de l’enquête russe, qui l’ont rattrapé jusque dans la station de ski huppée. Il a balayé d’un « fake news » les informations du New York Times, il aurait donné l’ordre en juin 2017 de renvoyer le procureur spécial Robert Mueller, avant de se raviser.
Robert Mueller mène l’enquête ultra-sensible sur les soupçons de collusion entre son équipe de campagne et Moscou lors de la présidentielle.