Les États-Unis interdisent désormais aux Américains de se rendre à Cuba en voyage de groupe, l’un des moyens le plus couramment utilisés pour contourner les différentes interdictions qui pèsent sur le tourisme des Américains à Cuba.
Le motif ? Les Etats-Unis « tiennent le régime cubain responsable de sa répression du peuple cubain, de son ingérence au Venezuela et de son rôle direct dans la crise orchestrée par Nicolas Maduro », selon la diplomatie américaine.
L’aviation privée ou d’affaires est elle aussi concernée — mais pas les vols commerciaux — de même que le secteur de la croisière. Et bien que ces nouvelles sanctions, qui devaient entrer en vigueur mercredi, ne concernent pas les voyages ou séjours réservés avant mardi — ce qui est évidemment le cas des croisières — Royal Caribbean Cruises a déjà annulé ses escales prévues à Cuba hier et avant-hier.
Sous embargo depuis 57 ans
Cuba était soumis à un embargo américain depuis 1962, décidé par John F. Kennedy en réplique à l’affaire de la Baie des Cochons, le débarquement raté à Cuba d’un commando US, et de la crise des missiles, qui s’était finalement soldée par le retrait par Moscou de ses fusées pointées vers la Floride.
Les citoyens américains pouvaient cependant se rendre dans l’île sous une douzaine de différents prétextes, comme des projets professionnels, artistiques, sportifs ou des activités religieuses.
Plusieurs fois dénoncé à l’ONU, l’embargo a amené l’île au bord de l’asphyxie : elle manque de médicaments et des denrées et produits de nécessité les plus élémentaires. Il a fallu attendre la visite du président Barack Obama en mars 2016 — et, selon certains, la mort de Fidel Castro — pour que l’étau américain se desserre peu à peu et que les touristes américains se précipitent à Cuba, y apportant leurs précieux dollars : ils étaient, cette année-là, quelque 285.000, devenant la troisième clientèle touristique de l’île, derrière les Canadiens et… les Cubains installés à l’étranger.
Et la tendance s’était encore accélérée sur les trois premiers mois de cette année : +118%, selon la télévision d’État cubaine.
Des Américains touchés eux aussi
Les retombées économiques générées par les touristes américains sont importantes : plus de 75% d’entre eux logent dans des hôtels privés et 99% prennent leur repas dans des restaurants privés, selon une enquête de l’Institut américain Public Opinion Strategies.
L’essor du tourisme a aussi entraîné l’arrivée de plusieurs opérateurs touristiques sur la destination ces derniers mois.
C’est le cas de Sheraton, mais aussi de Kempiski, qui a ouvert le premier hôtel grand luxe à Cuba en mai dernier. Le géant américain Expedia s’est aussi ouvert au marché cubain et à ses hébergements début juin.
La dernière initiative de Donald Trump risque donc de porter un rude coup au tourisme cubain, un secteur essentiel pour le pays. Dans le même temps, des professionnels du tourisme américains sont touchés eux aussi, et notamment les compagnies de croisières. Elle va aussi affecter les entrepreneurs privés à Cuba, comme les restaurants privés ou les locations chez l’habitant.
[Avec L’Echo touristique]