Cela fait maintenant quatre ans que l’on connaît le projet futuriste de train à (très) grande vitesse « Hyperloop », imaginé par le milliardaire visionnaire américain Elon Musk, déjà à l’origine du constructeur de fusées SpaceX et des voitures électriques Tesla.
Le principe ? Des tubes assemblés tel un pipeline et surélevés, à l’intérieur desquels circuleront des « capsules » propulsées, sur un coussin d’air, à plus de 1102km/h par un champ magnétique généré par des moteurs à induction disséminés le long du parcours.
Le concept intéresse déjà plusieurs groupes, en plus de celui d’Elon Musk, comme le canadien Transpod, piloté par le Français Sébastien Gendron, Hyperloop TT, qui promet de réaliser une série d’essais entre autres dans le sud-ouest de la France — où l’on verrait bien Toulouse à 24 minutes de Montpellier — et surtout Hyperloop One (https://hyperloop-one.com/), actuellement en test dans le désert du Nevada, et qui« planche » aussi sur les routes Chicago-Columbus-Pittsburgh, Los Angeles-San Diego, Miami-Orlando, Reno-Las Vegas, Seattle-Portland et Dallas/Fort Worth-Austin-San Antonio-Houston.
75 millions d’Européens reliés en quelques minutes
En Europe, Hyperloop One vient de dévoiler les 9 routes qu’elle pourrait y lancer. Elles s’étendraient potentiellement sur plus de 5.000 kilomètres, reliant 75 millions de personnes dans 44 villes.
Les projets concernent des lignes sur de petites distances, comme entre l’Estonie et la Finlande (8 minutes), dans des régions quasi-désertiques comme entre la Corse et la Sardaigne (Bastia à Cagliari en 40 minutes), mais aussi sur des territoires à forte densité démographique, comme Londres-Edimbourg (50 minutes), Liverpool-Glasgow (47 minutes), Cardiff-Glasgow (89 minutes), Varsovie-Wroclaw en Pologne (37 minutes), une boucle de 428km aux Pays-Bas (41 minutes) et une boucle de 1991km en Allemagne (142 minutes), où Hyperloop relierait 18 millions de personnes, le 3ème plus grand port et le plus grand aéroport cargo d’Europe.
Générateur d’énergie !
Ce dernier projet est particulièrement intéressant pour d’autres raisons. Hyperloop One envisagerait de suspendre ses tubes le long des autoroutes allemandes. Les tubes seraient recouverts de cellules solaires photovoltaïques et équipés d’un réseau électrique à haute tension. Selon les études, les cellules photovoltaïques pourraient produire 7.000.000 MWh/an et généreraient assez d’électricité et de revenus pour propulser le système de transport sans coûts additionnels. Le réseau pourrait en plus permettre d’approvisionner en électricité les voitures ou les camions électriques circulant sur les autoroutes.
Quid du paysage urbain ?
Le projet est évidemment séduisant, d’autant qu’on en voit immédiatement les avantages pour l’utilisateur, qui pourra se déplacer à la vitesse de l’avion sans les inconvénients du transport aérien tel qu’il est devenu. L’Hyperloop sera le moyen de transport idéal pour relier les grandes métropoles proches : Francfort à 29 minutes de Paris, à 27 de Berlin, à 21 de Munich, Zurich à 41 minutes de Rome, Barcelone à 21 de Valence… Mais il pose des questions : quid, entre autres, du paysage urbain ? Il faudra convaincre, par exemple, les collèges échevinaux de Marche en Famenne ou de Saint-Hubert de laisser s’installer ce tuyau techno sur leur territoire afin de relier Bruxelles à Luxembourg, une « ligne » qui en aurait pourtant bien besoin…
Nécessaire pour demain
Quoi qu’il en soit, un nouveau mode de transport moyen-courrier est devenu nécessaire. Avec la multiplication des procédures de sécurité, l’avion a atteint ses limites en termes de temps d’exploitation. Mais au-delà de 300 km/h, le TGV aussi, en raison du coût représenté par l’usure des freins… et des rails. La SNCF l’a d’ailleurs bien compris, qui était présente au dernier tour de table d’Hyperloop One.
[Source : Business Traveler France, L’expansion/L’Express]