On n’a sans doute jamais parlé autant d’environnement, et au plus haut niveau, qu’en ce weekend qui voyait la réunion du G7 à Biarritz, alors que les gigantesques incendies continuaient de dévorer la forêt amazonienne. Simultanément, on apprenait que, d’après la Fondation MacArthur*, les émissions de gaz à effet de serre dues à la production mondiale de textile atteignaient 1,2 milliard de tonnes par an, plus que le transport aérien et maritime réunis.
Qu’accessoirement, si l’on ose dire, selon la Commission économique pour l’Europe des Nations unies, environ 500.000 tonnes de microfibres de plastique, issues du lavage des textiles synthétiques, finissaient dans l’océan chaque année. Que, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, la production de coton était responsable de 22,5 % de l’utilisation des pesticides dans le monde.
Et on ose accuser le tourisme de détruire la nature !
Pinault lance le « Fashion Pact »
Au moins, dans la foulée du G7, plusieurs groupes du secteur de la mode et du textile devaient s’engager ce lundi à réduire ensemble leur impact sur l’environnement. François-Henri Pinault, patron du groupe Kering — qui possède notamment les marques Gucci, Yves Saint Laurent et Balenciaga — a réuni 30 groupes du secteur, représentant au total 147 marques, des maisons de haute couture (Chanel, Burberry) aux marques grand public (H&M, La Redoute), en passant par les distributeurs (Galeries Lafayette).
C’est le « Fashion Pact », coalition d’entreprises de mode prêtes à s’engager sur des objectifs de développement durable. Si cet engagement n’est en aucune manière contraignant, on peut au moins espérer que les industriels du textile apporteront ainsi leur pierre à la construction d’un monde (un peu) meilleur, quitte à ce que nous devions payer nos jeans (un peu) plus cher.
Aérien et croisières se défendent mal
Ce qu’il faut en tous cas retenir, c’est que l’industrie textile est bien plus polluante que tout ce qu’on avait pu imaginer. Et on ne parle même pas de la pétrochimie, de la sidérurgie, de la construction, etc. Ni même d’Internet qui, rien que pour permettre à des milliards de ploucs de donner leur avis sur tout et surtout sur rien sur les réseaux sociaux, consomme une énergie électrique folle, qui doit bien être produite au départ par des centrales thermiques ou nucléaires…
Si, comme l’écrivait récemment PagTour, l’avion se défend mal, les croisières aussi ! Pas un jour ne passe sans que l’un ou l’autre ne soit mis en cause sous un prétexte quelconque. Or, l’industrie de la croisière a son lobby : il s’appelle CLIA. L’aviation a le sien : ce n’est ni plus ni moins que l’IATA.
Mais on ne les entend pratiquement jamais, non pour défendre leurs adhérents — ce qu’ils font mal — mais pour mettre en avant la « contribution » de plus en plus réduite, grâce au progrès technique, que leur secteur apporte à la pollution mondiale : la faible consommation des moteurs d’avion, exprimée en litres par passager aux 100 km, ou les nouveaux moteurs marins au GNL, qui ne rejettent plus aucune particule d’oxyde de soufre, etc. Les constructeurs automobiles le font bien — et en plus, ils mentent !
Il est temps que le transport aérien comme maritime se mettent, à leur tour, à considérer leur rapport à l’environnement comme un argument marketing. Car, quoi qu’on en pense, les consommateurs, qui sont de plus en plus jeunes, y sont de plus en plus sensibles.
[Source : Le Monde]
(*) La fondation John D. et Catherine T. MacArthur est une fondation philanthropique américaine fondée en 1975 par l’homme d’affaires John D. MacArthur et sa femme Catherine. Elle soutient les personnes créatives et les institutions efficaces qui se consacrent à construire un monde plus juste, écologique et pacifique, en matière de santé, d’éducation et d’agriculture.
C’est très intéressant à savoir, j’ignorais que l’industrie du textile avait un tel impact.
Maintenant, plus qu’a convaincre tout le monde, yc les jeunes, de faire comme moi: limiter sa garde-robe au strict minimum, ne pas acheter tellement de vêtements différents qui ne servent pour finir quasi jamais…
Par contre, je persiste que même si l’aviation n’est responsable que de 3% des émissions polluantes mondiales, si il y a moyen de réduire cela à 2,5% en interdisant ou au moins taxant très formetement les vols très court-courriers genre Bruxelles-Amsterdam, Washington-NewYork etc, il faut le faire! L’avion reste le moyen de transport le plus polluant. D’accord qu’il n’y a pas d’alternatives valables pour le long-courrier.
Mais c’est abérrant de prendre le moyen de transport le plus polluant pour faire des distances de 200 (Bru-Ams), 300, 400 kms, alors que ces distances là sont aussi rapides en train voir même en autocar…