Pékin met la pression aux compagnies aériennes sur la question de Taiwan

Taïwan est un sujet sensible pour la République populaire de Chine. Tellement sensible que la question de l’appellation de Taïwan est devenue un moyen de pression exercé par Pékin sur les compagnies aériennes. Pas question en effet de considérer Taïwan comme un pays dans leur liste de destination ! Air France est la dernière compagnie à se conformer aux volontés du parti communiste chinois.

Deadline

La République populaire de Chine avait récemment accordé un « sursis » à un grand nombre de compagnies aériennes, dont United Airlines et Qantas, pour changer leur référence à Taïwan sur leur site web.

Le mois dernier, la Civil Aviation Authority (CAA) chinoise avait en effet envoyé une lettre à 36 compagnies aériennes, leur demandant d’arrêter de considérer Taïwan comme un pays dans leurs destinations d’ici le 25 mai.

Air France en conformité avec Pékin

Après Delta Air Lines, Lufthansa, British Airways, Malaysian Airlines et Air Canada, c’est Air France qui est la dernière à emboîter le pas, en listant Taïwan comme étant une province de la Chine, ce qui est l’appellation préférée par le pouvoir en place à Pékin.

La compagnie française a commenté : « Air France se met en conformité avec les exigences des autorités chinoises concernant Taiwan et Hong Kong. La compagnie a changé la liste de ses destinations, ce qui signifie désormais Taiwan et Hong Kong seront considérées comme des provinces chinoises ».

Velléités chinoises

Bien que cette exigence « orwelienne » de Pékin attise les craintes d’une poussée nationaliste chinoise, la Chine représente un tel marché en Asie que les compagnies aériennes accèdent à cette requête, malgré la position du gouvernement américain par exemple, qui incite à rester ferme à l’égard du parti communiste au pouvoir, ou celle du président français Emmanuel Macron, qui rappelait l’importance d’éviter toute ambition hégémonique dans la région Asie-Pacifique.

Taiwan, officiellement dénommé République de Chine, est un État souverain d’Asie de l’Est dont le territoire s’étend sur l’île de Taiwan et d’autres îles avoisinantes à l’est de la Chine continentale. Longtemps gouvernée par la Chine, le gouvernement nationaliste s’y installe suite à sa défaite contre les communistes lors de la guerre civile chinoise en 1949, et parvient à en garder le contrôle.

Mais le pouvoir communiste en place en Chine continentale continue de revendiquer sa souveraineté sur l’île de Taiwan, ce qui explique qu’il refuse que la communauté internationale considère Taiwan comme un pays distinct.

Obéissez ! Sinon…

La lettre envoyée par Pékin précise, sur un ton très ferme, que si les compagnies aériennes – et toute institution en général – ne se soumettait pas à la loi chinoise, l’affaire sera rapportée aux « autorités compétentes en matière de cyber-sécurité » en guise de sanction. Une menace à moitié voilée qui pourrait signifier que Pékin s’apprêterait à mener des cyberattaques en représailles.

Cela s’est déjà vu puisque les autorités chinoises avaient mis hors ligne le site de l’hôtel Marriott en Chine après que ce dernier avait inclut Taiwan et le Tibet dans une liste de pays dans un sondage envoyé aux clients chinois.

Un marché colossal

À cela s’ajoute la menace plus générale de Pékin qui pourrait leur interdire l’accès à l’énorme marché chinois. En utilisant le levier économique, la Chine tente d’atteindre ses objectifs en matière de politique étrangère.

La Chine, que d’aucuns considèrent désormais comme la première économie mondiale, est en passe de remplacer les États-Unis comme marché N°1 pour le transport aérien d’ici 2022 – du moins d’après une prévision de la International Air Transport Association.

United Airlines, qui assure 20% de l’ensemble des vols entre la Chine et les Etats-Unis, ne s’est pas encore conformée aux requêtes émises par le pouvoir chinois sur l’appellation de Taiwan.

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