Vaccin et virus de la méfiance

La fin de l’année est toujours propice pour faire un retour en arrière sur l’année écoulée. C’est sûrement le cas avec l’arrivée des vaccins.

Le philosophe André Comte-Sponville nous a rappelé que les anti-capitalistes nous annonçaient l’écroulement imminent du capitalisme. Et comme aujourd’hui, ils voient que ce n’est pas le cas, ils nous disent que l’effondrement est simplement reporté au prochain virus, qui forcément sera le bon.

Non seulement, leur pronostic était faux, mais c’est des Etats-Unis – le pays du capitalisme – que vient le plus grand espoir avec le vaccin mis au point par la société Moderna, qui a l’avantage de proposer un vaccin qui ne doit pas être conservé à des températures de – 70 degrés, mais dans un frigo classique, ce qui facilite grandement sa distribution, bien entendu.

J’en parle parce que son patron est français et qu’il a accordé une interview à mes confrères du magazine Challenges, dans lequel il dit que si ce vaccin sera disponible très rapidement, c’est d’abord grâce aux pouvoirs publics américains qui ont 2.5 milliards de dollars pour acheter et produire ce vaccin.

En clair, et c’est ce qu’il dit noir sur blanc, c’est le gouvernement américain qui a offert les essais cliniques du vaccin Moderna à la planète ! En clair, dit-il, « c’est le secteur public qui a permis au privé de prendre d’énormes risques business et financiers sans faire de compromis sur la sécurité des vaccins ». Et donc, oui, le privé et le public peuvent travailler ensemble comme on l’a aussi vu pour d’autres vaccins.

Plutôt que fustiger un système contre un autre, le monde entier redécouvre que le privé et le public peuvent faire bon ménage ensemble. L’un peut stimuler l’autre. C’est évidemment plus fin comme raisonnement que de lancer des phrases définitives et à l’emporte-pièce. Reste encore à convaincre les réticents aux vaccins.

En Belgique, en France et dans d’autres pays, une frange de la population n’y croit pas. La tentation, cette fois, est de les traiter d’illuminés ou pire encore de complotistes. Les sondages montrent que ce serait une grave erreur de jugement.

En réalité, ces personnes sont doublement méfiantes comme nous le dit le philosophe André Comte-Sponville : vis-à-vis des gouvernements et à l’égard de l’industrie pharmaceutique. Et c’est ce qui explique le succès du film Hold-Up qui a été visionné par des millions de personnes alors qu’il dure 2h40 !

Au-delà de l’accès aux vaccins, au-delà de la logistique nécessaire pour les distribuer, au-delà de toutes ces questions pratiques, notre gouvernement devra répondre à la question simple mais terriblement difficile posée par André Comte-Sponville : comment combattre la maladie quand une partie de la population se méfie plus des laboratoires pharmaceutiques que du virus ?

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