Une heure consacrée aux AGV sur LN24: analyse

La chaîne d’information LN24 a diffusé un débat consacré aux voyages, avec la participation d’Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral Covid-19 bien connu, Damien Keutgen, directeur de RTK Travel Center à Herve qui vient d’assigner l’Etat belge, et Anne-Sophie Snyers, secrétaire générale de l’UPAV.

Le fond du problème touchait, globalement, aux compétences des scientifiques face aux statistiques sur les diffuseurs du virus. Notre intention n’est pas de refaire le débat : on connait les points de vue de chacun. Et reconnaissons d’emblée qu’Yves Van Laethem tient son rôle avec beaucoup d’écoute, de correction et dans un esprit de conciliation.

Si nous intervenons ici, c’est pour regretter que certaines précisions, qui auraient été utiles pour le grand public et surtout pour les décideurs, n’ont pas été dites assez clairement à notre avis. Anne-Sophie a bien tenté de faire la distinction entre les voyages d’affaires, autorisés, et les voyages de loisirs, fortement déconseillés. Mais on aurait pu aller deux pas plus loin.

Premier pas :

Montrer plus fermement la distinction nette entre le voyage dit « ethnique », c’est-à-dire le voyage d’une partie des 2,2 millions d’habitants d’origine étrangère vers leurs familles restées à l’étranger, et les voyageurs qui partaient en vacances. Et tout le monde convient que la principale source de contamination, c’est le milieu familial.

Le vacancier, lui, a beaucoup moins de chances de se retrouver en groupe compact sur un lieu de vacances où il ne connaît personne. C’est d’ailleurs Yves Van Laethem lui-même qui a osé citer les communautés ethniques les plus responsables de la diffusion du virus à leurs retours de voyages.

Deuxième pas qui aurait pu être franchi :

La distinction n’a pas été faite (ou à peine, par sous-entendus) entre vacanciers eux-mêmes. Il y a en effet une énorme différence entre ceux qui réservent et organisent par eux-mêmes leurs voyages de vacances, sans toujours connaître les endroits réservés et sans « traçage », et ceux qui sont passés par une agence de voyages.

Damien Keutgen a bien dit que l’agent de voyages est capable de conseiller le client et de l’orienter vers les lieux les plus sûrs, mais il aurait fallu taper sur le clou ! C’était l’occasion de dire : donnez aux agences de voyages et uniquement à elles le blanc-seing pour voyager !

Parce que c’est leur métier, et qu’elles sont capables de guider les voyageurs de vacances de la meilleure façon qui soit, aussi bien pour la destination, le transport, que l’hébergement.

On aurait pu, grâce aux arguments des uns et des autres autour de la table, faire une distinction nette entre les utilisateurs d’un conseil « agence » et les voyageurs « libres ».

Le client « agence » est évidemment tracé ! On sait qui il est, où et quand il part, quel transporteur il utilise, quand il revient, où il a logé, etc.

Quand nous lisons que les Emirats sont, après la Roumanie et le Maroc, l’une des régions les plus contaminantes lors des retours, il est évident qu’on ignore la réelle provenance des voyageurs.

Si l’on débarque d’un vol provenant des E.A.U., il y a des fortes chances que la destination finale du voyageur, et donc aussi le pays d’où il rentre effectivement, était toute autre ! Mais ça, nos responsables qui analysent les chiffres n’y ont probablement même pas pensé !

Yves Van Laethem a reconnu que les chiffres sur les retours de voyages sont globalisés, et que les 3,9% de « contaminants » sont une moyenne entre les taux de 2 et 12%, selon le pays d’origine. C’est un peu dévoiler l’absurde de la situation : si on peut faire cette distinction, alors on peut aussi autoriser les voyages bien contrôlés par les agences et restreindre les autres. C’est juste une question de volonté politique et de bonne organisation.

Les petits regrets exprimés ici sont certainement dus au fait que le meneur de débat tente d’équilibrer les temps de paroles, et vous amène parfois là où il veut vous mener, sans donner le temps de fourbir tous les arguments. Cela n’enlève rien au fait que les deux représentants du secteur ont pu exprimer une partie au moins de leurs points de vue.

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