Tunisair encore au bord du gouffre

Tunisair est une fois de plus en crise et le Covid n’a fait qu’accentuer une situation compliquée depuis plusieurs mois résultant, selon son PDG, Elyes Mnakbi, « de la gouvernance interne publique, gangrénée par un ensemble complexe de lois et règlements, de mécanismes et de normes ».

On pourrait ajouter : d’un emploi pléthorique (plus de 7.500 salariés) et de privilèges de toutes sortes, qui ont fait de Tunisair, au fil des années, une véritable armée mexicaine mais sans général en chef.

Pourtant, après une année 2018 record en termes de chiffre d’affaires avec 1,5 milliard de dinars (plus de 465 millions d’euros) et de trafic (3,8 millions de voyageurs), la compagnie est sortie du rouge en 2019 après plusieurs années déficitaires, notamment grâce à sa filiale Handling, qui a réalisé un bénéfice de plus de 20 millions de dinars (6,2 millions d’euros) Selon son PDG, Tunisair serait donc « récupérable ». Sauf à tenir compte de sa dette, qui atteint les 310 millions d’euros…

Vers une gestion en mode privé

La compagnie devrait se doter dans deux mois au plus tard d’un nouveau mode de gouvernance afin de piloter une stratégie de développement d’une gestion privée, bien que toute privatisation soit exclue. Et comme l’Etat n’a plus les moyens d’injecter de l’argent frais dans la compagnie, le management devra se battre avec les moyens du bord. Autant dire que rien n’est gagné d’avance.

Un projet de loi, en phase d’élaboration au sein du gouvernement, devrait donnera au management « plus d’autonomie dans sa gestion et plus d’efficacité dans la prise des décisions ».

Parer au plus pressé

Pour parer au plus pressé, la première mesure aura été de supprimer des lignes  ouvertes naguère pour des raisons sociales ou politiques, parmi lesquelles Sfax-Paris ou Tozeur-Lyon, qui fait perdre la compagnie 6 millions de dinars chaque année. Ce n’est évidemment pas cela qui relancera le tourisme dans le sud…

Au moins, la décision d’annuler des dizaines de vols durant l’été dernier a-t-elle permis à Tunisair d’économiser plus de 80 millions de dinars en charges — près de 25 millions d’euros.

Tunisair, selon une étude commandée par le ministère du Transport et de la Logistique, aurait besoin de 100 millions de dinars (plus de 30 millions d’euros) pour assurer les dépenses fixes incompressibles. Encore ce montant, ridiculement bas, et qui a d’ailleurs été refusé, ne s’inscrit-il que dans le cadre d’un « plan de survie ». Ce dont Tunisair a besoin, c’est d’un (énième…) plan de relance, passant notamment par la suppression de lignes non rentables.

Un retard considérable

Pour autant, la compagnie souffre de problèmes structurels, du joug de son autorité de tutelle, qu’il faudrait supprimer, et d’un retard considérable par rapport à ses concurrents.

Docteur en mathématiques, titulaire d’un master en télécommunications et d’un master professionnel spécialisé dans le changement des organisations, Anouar Maârouf (photo), qui fut ministre des Technologies, est aujourd’hui celui des Transports et est bien placé pour prescrire les remèdes dont Tunisair a besoin pour assurer sa survie.

Notre confrère Hedi Hamdi, de Destination Tunisie, pointe notamment la consolidation du site web de la compagnie, déjà premier site marchand de Tunisie, qui doit créer une plateforme pour les commerciaux travaillant à distance, proposer des solutions de pricing dynamique, proposer des services annexes comme des assurances, la réservation d’hébergements et de voitures, et mettre sur pied un CRM digne de ce nom, qui accompagne le passager à tous les stades de la vente.

[Source : Tom.travel et Destination Tunisie]

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