« Scandale Wells Fargo: du soulagement… et des inquiétudes »

À force de ne parler des États-Unis qu’au travers des déclarations affolantes de Donald Trump, on en arriverait à oublier que ce pays n’est pas seulement le pays des excès, mais aussi un pays capable du meilleur.

Quand j’évoque le meilleur, je parle en l’occurrence de la pression médiatique et politique qui a permis de faire démissionner l’un des hommes les plus puissants des États-Unis. John Stumpf dirigeait jusqu’il y a quelques heures la troisième banque du pays, la Wells Fargo, peu connue en Europe, mais omniprésente aux USA.

Pendant plus d’un mois, cette banque réputée bien gérée a fait l’objet d’une série de révélations fracassantes. On sait depuis début septembre que deux millions de comptes ont été ouverts à l’insu des clients de la banque et cela dans le seul but de générer des commissions. Et comme si cela ne suffisait pas, plus de 500.000 cartes de crédit qui n’avaient jamais été demandées ont été émises au nom de clients de la banque. L’établissement a même été jusqu’à créer de fausses adresses électroniques pour inscrire les clients à ses services en ligne, et des frais liés au fonctionnement de ces faux comptes étaient ensuite prélevés sur les véritables comptes.

Bien entendu, la manœuvre n’avait pas pour but d’enrichir les 5.000 employés qui se sont rendus coupables de cette fraude, mais bien de remplir les objectifs commerciaux, très ambitieux, fixés par la direction de la banque. L’idée était qu’il fallait vendre de multiples produits à chaque client de la Wells Fargo. Lorsque le scandale a éclaté, la banque a dû reconnaître la fraude massive et elle a écopé d’une amende de 185 millions de dollars… Une bagatelle pour une banque qui dégage 6 milliards de dollars de bénéfice chaque trimestre !

« Huit ans après la crise des ‘subprimes’, certains patrons de banque n’ont tiré aucune leçon et s’estiment toujours intouchables »

Si aujourd’hui le PDG a dû démissionner, c’est en partie parce que la pression sur ses épaules était devenue trop forte. John Stumpf a d’abord refusé de reconnaître sa faute, il a plaidé sur le genre « responsable, mais pas coupable ». Mais les députés américains n’ont pas apprécié qu’il se défausse sur les 5.000 employés qui ont été licenciés alors que lui continuait à gagner 19 millions de dollars par an, sans oublier les dizaines de millions de dollars qu’il possédait sous forme d’actions de la banque. Et puis, comment jouer à l’innocent, à celui qui ne savait pas, alors que cette culture de la triche avait été inoculée par le haut ? La pression a fini par l’emporter.

Cette triste affaire démontre plusieurs choses. La première, c’est que 8 ans après la crise des « subprimes », certains patrons de banque n’ont tiré aucune leçon et s’estiment toujours intouchables. La deuxième, c’est que beaucoup de banques sont devenues non seulement trop grandes pour faire faillite, mais aussi trop grandes pour être managées ou gérées sainement.

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