©Hervé Ducruet

Très intéressant colloque de deux jours que celui organisé par l’ULB à l’initiative de Serge Jaumain, historien spécialiste de l’Amérique du Nord.Il avait réuni autour de lui quelques collègues belges et québécois les 11 et 12 décembre. Ces historiens se sont emparés d’un sujet peu exploité : l’analyse des guides touristiques (papier !), et en particulier de leur partie « historique, introductive ».

Ça ne date pas d’hier !

Il faut savoir que le premier guide touristique consacré à Bruxelles date de… 1782 et fut réédité deux fois. Tout y était déjà réuni: chapitre historique, partie descriptive et même un plan de ville. Et les premiers guides de circuits cyclistes apparaissent dès la fin du XIXème siècle !

Qui sont les auteurs ?

Les études présentées étaient consacrées à une comparaison de l’image de la Belgique et du Québec dans ces guides, et singulièrement les images de Bruxelles et Montréal.

Que nous disent ces textes, qui les écrit et les lit-on ? Autant de questions abordées. Les auteurs de ces textes sont rarement cités, sauf s’il s’agit de «plumes » connues, ou alors ils sont présentés comme des globe-trotters, proches des lecteurs mais sans références sérieuses si ce n’est de nombreuses heures de vol…ou de route !

Bof ! pour l’Histoire…

Si le but premier est de rendre la destination familière au touriste il s’agit aussi de garantir son autonomie, son confort.

Mais cela coince souvent en ce qui concerne la vulgarisation de l’histoire et de la situation socio-politique de la destination. Passons sur les erreurs formelles, dates et noms, pour observer le discours implicite, voire explicite.

Et ici on voit comment ce discours change au fil des décennies. C’est vrai pour le Québec (surtout si on compare un guide en français et un guide en anglais) ou les rédacteurs suivent l’évolution politique et sociétale de la province (l’image des Amérindiens par exemple), c’est vrai aussi pour Bruxelles.

A ce sujet intéressante analyse de Jean-Michel Decroly, géographe à l’ULB…

Dès les années septante, le quartier européen est décrit de manière négative, voire tragique ! Et pourtant, le discours a changé radicalement, aujourd’hui on pousse à y aller.

Ce sont les touristes eux-mêmes qui ont décidé que ce quartier était intéressant et, suite à cette fréquentation spontanée et souvent décevante, les autorités ont créé une offre touristique comme le Parlementarium ou un fléchage digne de ce nom. Comme quoi, rien n’est perdu !

L’importance des images

Approche intéressante aussi, le dialogue parfois décevant entre le texte et les images qui devraient être tout sauf secondaires.

Et à ce sujet, les auteurs des brochures des TO devraient aussi veiller, par exemple, à légender leurs images. Elles sont trop souvent non commentées et trop passe-partout. Le futur voyageur attend davantage.

Recherche d’autonomie

Enfin, dernière question qui fait mal : ces chapitres de guides sont-ils réellement lus ? Le futur visiteur se dirige très souvent directement vers la partie informative : sites à visiter, hébergements, etc. Toujours cette recherche prioritaire d’autonomie et de confort.

Une nouvelle tendance apparait depuis peu : cette partie des guides n’est plus en début de volume, mais est rejetée en fin d’ouvrage avec les informations strictement pratiques (Police, hôpitaux, ambassades ,…).

C’est un signe.

Christian Vanderwinnen

Esprit critique

Dernière remarque : quelles sont les limites déontologiques des rédacteurs des guides, leur indépendance par rapport aux autorités touristiques locales ou des sponsors qui participent parfois au financement des publications…

Très difficile, hélas, à détecter selon l’ensemble des intervenants.

Lecteur, voyageur, touriste, reste critique !

Contact ULB : Serge.Jaumain@ulb.ac.be

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