Quand Wall Street est sous l’emprise des stupéfiants

Une manifestante lors d'une parade pour la légalisation du cannabis en 2011, à Berlin © Belga

La bourse américaine s’enflamme pour le cannabis. Aujourd’hui, la spéculation ne porte plus sur le Bitcoin, mais sur les feuilles vertes du chanvre. Comment est née cette spéculation?

Il y a quelques jours, les journaux ne parlaient que des dix ans de la faillite de la banque américaine, Lehman Brothers, qui est à l’origine de la crise financière qui dure depuis dix ans. Les commentateurs les plus avisés ont, hélas, bien compris que cette crise n’était pas la dernière et que les crises se reproduiront. La seule chose à espérer, c’est qu’elles soient moins violentes que celle que nous avons subie en 2008.

Si vous avez suivi les cours de Wall Street ces derniers jours, vous n’aurez plus de doute sur l’âme humaine et sur son envie de toujours spéculer. Mais oubliez le Bitcoin ! Aujourd’hui, les investisseurs à Wall Street spéculent sur l’or vert, ou plus précisément sur la feuille verte du chanvre.

Le cannabis est aujourd’hui la nouvelle coqueluche des spéculateurs américains selon Le Monde. D’abord, ils se sont réjouis du fait que le Canada va légaliser la marijuana le 17 octobre prochain. Ces mêmes investisseurs font le pari que d’autres pays, dont les États-Unis, suivront rapidement et légaliseront à leur tour l’usage du cannabis pour des raisons médicales, mais aussi récréatives.

En attendant, plusieurs sociétés canadiennes spécialisées dans le cannabis médial ont suscité l’engouement des investisseurs. L’une d’elles, Tilray, a même provoqué une véritable folie à Wall Street. Son cours a presque doublé en une seule journée, et la frénésie autour des actions de cette société a été tellement dingue que les autorités de la Bourse ont dû suspendre à 5 reprises la cotation.

Il faut dire que cette entreprise qui réalise à peine 20 millions de dollars de chiffres d’affaires a atteint une valorisation boursière de 14 milliards de dollars, soit 12 milliards d’euros. Durant la cotation, le cours de cette société canadienne a même tellement grimpé que cette petite société valait autant qu’une firme… comme Renault en Bourse ! Il faut dire que cette spéculation a aussi été alimentée par les propos de son PDG.

Connaissant la folie spéculative de Wall Street, il a indiqué que les vendeurs de boissons alcooliques et les laboratoires pharmaceutiques avaient tout intérêt à se protéger de l’enthousiasme pour le cannabis, car dit-il, il y a un risque de substitution des médicaments antidouleur par le cannabis. Bref, son message pour l’industrie pharmaceutique est simple : soit vous investissez dans le cannabis, soit vous prenez le risque que celui-ci remplace vos antidouleurs !

Et comme les investisseurs savent que le propriétaire de la marque de bière Corona a déjà déboursé 3,4 milliards de dollars pour entrer dans le capital de la première société productrice de Cannabis, les investisseurs ont pris les propos de ce PDG pour argent comptant.

Même Coca-Cola a contribué à gonfler cette bulle boursière en reconnaissant « surveiller de près la croissance du cannabidiol non psychoactif comme ingrédient dans ses boissons de bien-être fonctionnelles ». Wall Street est donc aujourd’hui sous l’emprise des stupéfiants. Mais jusqu’à quand ?

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