Les taux d’intérêts négatifs sont le prix à payer pour la paix sociale

En cette fin d’année qui aura été éprouvante pour les nerfs de tout le monde, je voudrais revenir sur un sujet qui préoccupe encore plus les Allemands que les Belges ou les Français. Ce sujet de fâcherie, ce sont les taux d’intérêts négatifs.

Vous savez comme moi que les rendements des compte d’épargne sont quasi à 0% et que si on enlève l’inflation qui est de l’ordre de 5% en ce moment en Belgique, nous avons en réalité des taux d’intérêts réels… négatifs de 5% ! Alors, cela ne fait pas plaisir aux épargnants ni aux retraités. Et comme je vous le disais que les Allemands râlent encore plus que nous, parce qu’à l’inverse de nous, ils sont souvent locataires et très peu sont propriétaires de leur logement. Donc qui dit loyer, dit indexation forte si l’inflation est forte !

Et puis seconde différence, c’est qu’à l’inverse des autres citoyens de la zone euro, les Allemands sont souvent créditeurs. Autrement dit, ils sont moins endettés que nous mais hélas leur épargne sur leurs comptes d’épargne ne rapporte plus rien à cause des taux d’intérêts bas et de l’inflation. Régulièrement donc, le BILD, le quotidien le plus lu en Allemagne et donc aussi le plus influent auprès des politiciens, fustige Mme Christine Lagarde, la présidente de la banque centrale européenne. Le BILD a même publié une photo en première page de Mme Lagarde en écrivant : cette dame habillée en tailleur Chanel fait du mal à nos épargnants et à nos retraités !

D’abord, cette dame comme ils disent n’est pas à l’origine du problème des taux d’intérêts négatifs puisqu’ils existent depuis 2012-2013, date de la crise de la dette publique en Europe à cause de la Grèce. Christine Lagarde n’était pas à la banque centrale européenne à cette époque. Ensuite comme le faisait remarquer l’économiste Jean-Pierre Petit, c’est vrai qu’avoir des taux d’intérêts réels négatifs ne fait plaisir à personne – mais on a pas le choix !

En ce moment, que ce soit au niveau européen, au niveau fédéral et même au niveau régional, tous les gouvernements ont lancé des plans de relance à coup de dizaines ou centaines de milliards d’euros. Le plus souvent, ces plans sont là pour accélérer la digitalisation de nos entreprises, de nos écoles et de nos administrations, mais aussi et surtout pour assurer la transition énergétique nécessaire si on veut sauver notre planète.

Or, tous ces plans de relance ne sont possibles que parce que les taux d’intérêts sont bas, très bas et permettent aux Etats de s’endetter pour assurer l’avenir. Pourrait-on imaginer ces plans avec des taux d’intérêts positifs de 3 ou 4% ? La réponse est non selon Jean-Pierre Petit. Pourquoi ? Parce que si on laisse les taux d’intérêts grimper, la seule autre solution pour financer ces transitions écologiques et digitales, c’est – eh oui – d’augmenter les impôts. Autant dire que cela serait la révolution sociale et l’arrivée automatique de partis radicaux au pouvoir.

Finalement, les taux d’intérêts négatifs sont mauvais pour l’épargnant et les retraités mais les plus cyniques diront que c’est en quelque sorte le prix à payer pour la paix sociale et surtout pour ne pas laisser une planète dégradée à nos enfants ou petits-enfants.

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