Netflix ou le succès de l’économie de l’ennui

La Bourse est fascinante, car elle exprime de manière parfois biaisée et souvent avec un décalage notre propre avenir. Alors qu’aux États-Unis ou en Europe, les médias nous parlent du virus, de ses multiples variantes, des commerces qui ferment définitivement, des indépendants désespérés, des restaurants qui n’en peuvent plus ou du personnel médical à genoux de fatigue, la Bourse, elle, caracole à des niveaux historiques.

Et quand je dis la Bourse, je devrais être plus précis, ce sont toutes ces valeurs qui profitent de nos confinements et de notre télétravail pour gagner des parts de marché. Durant le mandat de Donald Trump, la capitalisation boursière d’Amazon a grimpé de 450% et celle de Facebook de 150%.

Hier encore, Netflix, la société de streaming que je ne dois plus vous présenter a annoncé qu’elle avait dépassé les 200 millions d’abonnés payants dans le monde, 203 millions exactement. Donc, oui, ces valeurs boursières que les spécialistes appellent les valeurs « stay at home », autrement dit, les valeurs « restez à la maison » ont profité à plein de la pandémie et des confinements.

D’ailleurs, l’action Netflix a bondi de 10% lorsque Wall Street a appris la bonne nouvelle des 200 millions d’abonnés. Les chiffres sont impressionnants : Netflix aujourd’hui, c’est environ 25 milliards de dollars de chiffres d’affaires, soit une hausse de 24% sur un an, et un bénéfice net de presque 3 milliards. Y’a pire comme chiffres à présenter à son banquier.

Et justement, si Wall Street a salué Netflix par un bond de 10%, c’est parce que sa direction a annoncé qu’elle n’aura plus besoin de crédit ou de financement externe pour produire des films ou séries TV ou pour acheter des catalogues existants de films. Quant à Disney + qui est aussi disponible depuis peu en Belgique, c’est aussi le carton.

Tout cela montre à quel point la crise sanitaire a accéléré des mouvements qui existaient déjà à savoir la digitalisation de la société. Ce qui marche aussi – hélas, j’ai envie d’ajouter – c’est l’économie de l’ennui. Au fond, Netflix, c’est quoi, si ce n’est une manière de tuer l’ennui en enfilant des épisodes à la queue leu leu, en oubliant que Hollywood comme les réseaux sociaux s’est spécialisé dans la maîtrise pour ne pas dire la manipulation des comportements humains.

Si vous voulez gagner de l’argent dans l’économie d’aujourd’hui, proposer un produit, un service ou un jeu addictif, c’est le jackpot. D’ailleurs, n’est-ce pas le patron de Netflix qui avouait lui-même que le plus grand concurrent de Netflix, c’est … le sommeil !

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