Michou a tiré sa révérence

C’était un lieu quasiment incontournable pour les touristes en goguette dans Paris : Chez Michou, un cabaret de Montmartre spécialisé dans les spectacles de travestis, a perdu son fondateur, Michel Catty, décédé hier dimanche dans un hôpital parisien. Selon ses volontés, le cabaret ne devrait pas lui survivre.

Né il y a 88 ans à Amiens, il monte à Paris à 18 ans et enchaîne les petits boulots avant de reprendre un bar en gérance. Cinq ans plus tard, il a l’idée géniale de lancer avec des amis un petit spectacle de 20 minutes où les acteurs sont travestis en Sylvie Vartan, Edith Piaf, France Gall, Brigitte Bardot. Le succès est immédiat, porté par le journaliste Edgar Schneider, qui l’encense dans Jours de France, et ne se démentira jamais.

On pouvait aller chez Michou avec des pieds de plomb — quoi ? un spectacle de travelos ? et chez cette vieille tante de Michou ? —, on était au contraire immédiatement séduit par ce petit bonhomme toujours vêtu de bleu pétrole, derrière de grosses lunettes à la monture d’écaille et aux verres fumés, virevoltant autour des clients, embrassant les nouveaux arrivant comme s’ils les connaissait depuis trois siècles. Si vous étiez d’Amiens, vous aviez droit d’office au champagne de Michou — il en buvait trois bouteilles par jour, disait-il. Et quand le spectacle commençait, on était aussitôt sous le charme de ces artistes improbables, qui allaient pourtant réussir à imposer le genre, avec des talents que l’on ne soupçonnait pas, et — c’était le plus surprenant — sans une once de vulgarité.

Les hommes politiques y avaient aussi leur rond de serviette. On raconte que l’élection d’Alain Juppé, candidat dans le XVIIIème arrondissement, dut beaucoup à Michou, qui ne manquait jamais de raconter à ses « petits vieux » de Montmartre, qu’il régalait régulièrement dans son cabaret, à quel point Juppé était charmant, intelligent et tout et tout…

Michou, qui avait pourtant refusé le rôle, avait évidemment inspiré « La Cage aux folles », le film d’Edouard Molinaro tiré de la pièce éponyme, où Michel Serrault composa un personnage inoubliable…

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