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L’immigration économique, une idée venant de l’élite mais pas toujours bien acceptée par le peuple

La France veut recourir à l’immigration choisie, une immigration qualifiée via des quotas. C’est une démarche qui intéresse aussi les patrons belges afin de faire face à la pénurie d’emplois qualifiés. Mais cette idée vient souvent de l’élite, et n’est pas acceptée par le peuple.

En Belgique, on a toujours le regard vissé sur notre grand voisin français. Or, en ce moment, le gouvernement français est justement en train de durcir les conditions de sa politique d’immigration (cela, c’est pour le volet qui fait grincer les dents de certains politiques de gauche) mais en même temps, comme dirait Emmanuel Macron, le même gouvernement s’apprête à renforcer l’immigration économique. Autrement dit, la France va se doter d’objectifs chiffrés, cette expression est préférée à celle de « quotas » car jugée moins négative même si c’est exactement la même chose.

La France, exactement d’ailleurs comme la Belgique, souffre d’une pénurie pour certains emplois. Je pense par exemple à des ingénieurs informatiques, des techniciens de l’industrie ou de l’énergie, des géomètres, mais aussi des coiffeurs, des cuisiniers, des carreleurs ou des carrossiers. L’idée de l’exécutif français est donc de s’inspirer de l’exemple du Canada qui pratique cette immigration sélective avec beaucoup de succès depuis des décennies.

Et ce sujet parle aussi aux patrons belges, et notamment flamands, qui n’arrivent pas à trouver de travailleurs qualifiés, y compris en Wallonie, et doivent donc recourir aux services de travailleurs français ou faire appel à des informaticiens marocains comme la presse y a fait allusion il y a quelques mois déjà.

Mais cette immigration économique, nécessaire pour éviter que nos entreprises ne soient déclassées, se fait avec une extrême prudence… Pourquoi ? Parce que, comme le faisait remarquer le journal économique français Les Echos, l’immigration – même qualifiée – doit être manipulée avec précaution car le poison du populisme n’est jamais loin. Si cette immigration est logique pour un patron, elle l’est souvent nettement moins aux yeux de la population. D’ailleurs, le journal Les Echos rappelle que les Français semblent dédaigner des activités jugées dégradantes plus que le fait d’être inactifs. C’est donc un renversement de valeur dont il faut tenir compte.

Ce journal économique va encore plus loin : il rappelle que les Français pestent contre les Européens de l’Est qui viennent occuper des métiers dont ils ne veulent plus – la preuve, en Gironde, les ronds-points étaient aussi occupés l’hiver dernier par des « gilets-jaunes » – et pourtant cet automne, ce sont des Bulgares qui, faute de candidats locaux, vendangeaient les vignes du Bordelais.

Ce qui démontre que les explications du type manque de formation, de qualification ou de rémunération ne sont pas toujours suffisantes pour expliquer cette fameuse inadéquation entre l’offre et la demande de travail. Et ce raisonnement est valable également en Belgique !

En revanche, une bonne idée ne signifie pas qu’elle sera acceptée… Même au Canada, il y a aujourd’hui un effritement du consensus sur l’acceptation d’une immigration choisie. Les politiques n’oublient pas que l’immigration est toujours la volonté d’une élite, mais jamais la volonté du peuple.

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