La vidéo fait peine à voir : des bûcherons abattent un arbre auquel est accroché un paresseux. Après une chute de 30 m, l’animal terrorisé est enfoncé sans ménagement dans un sac. Il sera vraisemblablement vendu pour quelques dollars, afin de servir d’accessoire photo pour touristes.

UN CYCLE DE CRUAUTÉ

Cette vidéo révoltante a été filmée près de la ville d’Iquitos, la porte d’entrée des villages tribaux du nord de l’Amazonie, au Pérou. Elle a été diffusée par Protection mondiale des Animaux. Depuis plusieurs mois, cette organisation combat ce qu’elle appelle les « selfies sauvages » – soit ces égoportraits que se plaisent à prendre les touristes avec un animal sauvage pour les diffuser ensuite sur les réseaux sociaux.

En faisant cela, ces touristes en incitent d’autres à les imiter, ce qui crée un « cycle de cruauté ». De fait, Protection mondiale des Animaux estime que, depuis 2014, le nombre de selfies sauvages postés sur Instagram a augmenté de 292 %.

Les touristes ne réalisent pas toujours à quel point l’animal
dans leur selfie a pu souffrir pour cette photo.

UN ALLIÉ INATTENDU

La partie est loin d’être gagnée, mais l’organisation s’est récemment trouvé un allié inattendu dans son combat : Instagram elle-même! En effet, en décembre, le très populaire service de partage de photos et vidéos a lancé une page de mise en garde pour éduquer ses utilisateurs sur l’impact négatif de ces photos sur la faune sauvage.

Dorénavant, quand un utilisateur cherchera sur Instagram un mot-clic comme #koalaselfie ou #paresseuxselfie, le site affiche une mise en garde. Un message l’informe que le hashtag qu’il cherche peut être associé à des publications qui encouragent des comportements nuisibles envers les animaux.

« Nous sommes ravis de voir Instragram admettre que la maltraitance animale se déroule autant devant l’objectif que derrière la caméra… Avec sa renommée mondiale, Instagram peut faire changer les mentalités à propos des selfies sauvages », se réjouit l’organisme également connu sous le nom anglais World Animal Protection.

Avec sa renommée mondiale, Instagram peut faire
changer les mentalités à propos des selfies sauvages.

ILS AIMENT LES ANIMAUX…

Protection mondiale des Animaux reconnaît que, pour bien des gens, voir un animal sauvage est un élément important des vacances; que c’est une façon d’interagir avec la culture locale et d’honorer sa faune sauvage; que ceux qui prennent ce type de photos le font habituellement parce qu’ils aiment les animaux…

Or, les touristes ne réalisent pas toujours à quel point l’animal dans leur selfie a pu souffrir pour cette photo. Protection mondiale des Animaux souligne que les animaux sauvages qui servent d’accessoires photo sont souvent arrachés à leur habitat naturel. Leurs besoins sont souvent négligés. L’animal est habituellement très stressé lorsqu’il est manipulé à répétition qu’il est soumis aux flashs des caméras et aux bruits de la foule. Il meurt souvent beaucoup plus jeune que dans son habitat naturel.

Le paresseux n’est qu’une des nombreuses espèces affectées par ce phénomène, qui touche aussi singes, ocelots, fourmiliers, dauphins, tortues, anacondas, caïmans, etc. En fait, selon Protection mondiale des Animaux, il y a 550 000 animaux sauvages en captivité qui divertissent les foules du «mauvais» tourisme exotique. Plusieurs représentent d’ailleurs des espèces sauvages menacées d’extinction.

Pour lutter contre la cruauté associée aux selfies exotiques, Protection mondiale des Animaux invite la population à signer son Code du selfie de voyage. Au début de décembre dernier, plus de 250 000 personnes l’avaient fait.

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Un si joli sourire !

Même quand il a mal ou qu’il est stressé, la morphologie du visage d’un paresseux donne constamment l’impression qu’il sourit.

En outre, l’animal le plus lent sur terre semble tendre les bras aux touristes, comme s’il souhaitait qu’on le prenne (en fait, son instinct lui commande de grimper).

Ces caractéristiques rendent le paresseux très populaire auprès des touristes qui visitent l’Amazonie. Pour ajouter l’insulte à l’injure, on l’affuble parfois d’une boucle!

Selon Protection mondiale des Animaux, le paresseux vient en tête de liste des espèces les plus souvent utilisées dans les selfies en Amazonie, suivi par le dauphin rose, l’anaconda et le caïman.

Serge Abel-Normandin

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Protection mondiale des Animaux applaudit G Adventures

Connu sous le sigle de WSPA dans le monde anglophone, Protection mondiale des Animaux mène son combat pour la défense et le bien-être des animaux depuis 1981. Ses campagnes les plus connues sont celles contre la corrida, les combats d’ours, la chasse à la baleine, la capture et la détention de dauphins, l’élevage intensif…

Depuis de nombreuses années, l’ONG à but non lucratif s’attaque aussi à la cruauté animale dans le tourisme. WSPA s’évertue d’impliquer les voyagistes dans sa croisade. Selon elle, les voyagistes font partie de la solution, puisqu’« ils peuvent éduquer les voyageurs et choisir de promouvoir les sites où les animaux sont le mieux traités ».

FINI LES TOURS À DOS D’ÉLÉPHANT !

À ce chapitre, WSPA cite G Adventures comme modèle de promotion des activités respectueuses des animaux. Le voyagiste canadien a révisé ses activités pour en retirer celles qui étaient peu respectueuses des animaux, comme les tours à dos d’éléphant. De plus, dans le cadre d’un partenariat avec la Fondation Planeterra, G propose à ses clients de faire vivre aux gens l’expérience des animaux dans leur habitat naturel, plutôt qu’en captivité.

Et les clients en redemandent! « Plus nous parlerons d’aller voir les animaux dans la nature, moins les touristes voudront aller les voir en captivité », a déclaré Emily Mikus, chef de produit de G.

G Adventures n’est pas le seul voyagiste à prêter oreille au message de la WSPA. Par exemple, à l’échelle internationale plus de 166 voyagistes se sont déjà engagés à respecter les éléphants, une des causes chères à WSPA.

Info : https://fr.worldanimalprotection.ca/engagez-vous-liberer-les-elephant-de-la-cruaute?utm_source=website&utm_medium=website&utm_campaign=ca_wine&utm_content=elephants_not_entertainers

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