Le rail Belge est-il en passe de devenir un musée?

Récemment, le ministre des transports belge, François Bellot, a déclaré qu’en raison de problèmes de performance, « la réintégration du gestionnaire d’infrastructure belge Infrabel et du titulaire national du transport de voyageurs la SNCB ne devrait plus constituer des sujets tabous » 1.

La Belgique est située au cœur de l’Europe, géographiquement et politiquement. Les opérateurs ferroviaires membres de ALLRAIL ne masquent pas leur déception à l’annonce d’une proposition qu’ils jugent rétrograde.

La réintégration comporte le risque majeur du protectionnisme. Des dispositifs légers peuvent être utilisés, comme un accès inégal aux installations ou la manipulation des redevances d’accès aux voies afin de faire grimper les coûts pour les opérateurs entrants– comme cela fut le cas en Pologne l’an passé 2.

L’opérateur historique belge de transport de voyageurs enregistre des problèmes de résultat et a besoin de subventions massives. Cependant la commission européenne, basée elle aussi à Bruxelles, a suggéré une solution qui a fait ses preuves à travers le temps : la libéralisation accrue du marché ferroviaire.

Partout ailleurs en Europe, la concurrence entre les différents opérateurs ferroviaires de transport de voyageurs a conduit à : 1) une amélioration de la qualité de service, 2) de meilleures performances, 3) une réduction des charges sur les voyageurs et les contribuables 3, et, point crucial, 4) une augmentation du nombre de voyageurs.

De plus, certains opérateurs entrants font part de négociations positives avec le gestionnaire d’infrastructure Infrabel depuis qu’il est devenu indépendant – il est davantage orienté client et pousse l’ensemble du secteur ferroviaire vers la croissance, et pas seulement la SNCB. Les chiffres le confirment : le nombre des passagers a augmenté de 3% en 2017.

Malheureusement, le seul tabou aux yeux du ministre des transports belge semble être la poursuite de la libéralisation du marché. Effectivement : M. Bellot projette de protéger la SNCB pour 14 ans encore – en maintenant jusqu’en 2033 les subventions directes accordées par les contribuables.

Le secrétaire général de ALLRAIL, Nick Brooks déclare : « il est crucial que M. Bellot mette rapidement en œuvre le paquet européen de la libéralisation du marché ferroviaire, sinon, au lieu d’être à la pointe des chemins de fer européens, la Belgique pourrait devenir le musée des chemins de fer européens. »

1 COMMENTAIRE

  1. Merci M Bellot de nous protéger contre l’ultra libéralisme.

    Je suis certain qu’une super libéralisation du rail n’apportera pas les 4 vertus que citent l’article.

    Au Royaume-Uni, le rail a été libéralisé depuis bien longtemps, et le résultat est le suivant:
    _suppression de nombreuses lignes
    _et sur bon nombre de lignes qui ont survécu: diminution des fréquences
    _nombreuses pertes d’emploi
    _problèmes de correspondances non tenues entre compagnies différentes
    _augmentation des tarfis sur la plupart des lignes
    _diminution des tarifs et augmentation de la qualité uniquement sur les quelques grandes lignes rentables

    Au vu de ceci, et sachant que la Belgique dispose d’un réseau ferroviaire extrêment dense et peuplé, je suis persuadé qu’une libéralisation ne fera qu’aggraver la situation. Quid si un train privé tombe en panne dans la jonction nord-sud suite à économies sur les entretiens préventifs ?

    Je suis loin d’être un défenseur des syndicats, je comdamne fermement les grèves sauvages, mais je suis aussi franchement hostile à la privatisation de la SNCB.

    Merci M Belot, pour avoir instauré le service minimal lors de grèves, et pour nous protéger de cette inutile libéralisation que veulent nous imposer certains!

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