Le cdH, le PS, et la ligne Maginot des Wall People

En Belgique francophone, c’est une véritable bombe qu’a lancée ce lundi 19 juin le président du cdH. Il a proposé aux autres partis démocratiques (sauf PTB) de se fédérer ensemble pour exclure le parti socialiste du pouvoir à Bruxelles et en Wallonie.

Elio Di Rupo, le président du PS a aussitôt parlé de trahison, mais en réalité, ce qu’a compris le président du cdH – sans doute sur le tard et de manière opportuniste – c’est que le monde n’est plus divisé entre la droite et la gauche ou entre les républicains et les démocrates, mais entre les Web People et les Wall People.

L’expression n’est pas de moi mais a été inventée par Thomas Friedman, l’éditorialiste vedette du New York Times. Les Wall People, ce sont les gens du « mur », ceux qui ont voté pour Trump aux Etats-Unis ou pour Mélenchon et Le Pen en France ou encore pour le PTB en Belgique.

Qui sont-ils ? Ce sont des gens du « mur » car ils ont peur de la mondialisation qui leur fait craindre de perdre leur emploi, ils ont peur de la révolution numérique qu’ils ne comprennent pas, ils ont peur des immigrés, et des réfugiés qu’ils confondent, et ils ont peur de l’évolution des mœurs notamment de la place prise par les minorités sexuelles dans la société et le débat public.

En résumé, ces personnes votent pour des hommes politiques qui veulent construire un mur, un mur contre les Mexicains aux Etats-Unis, ou un mur contre les réfugiés ou la révolution numérique en Europe.

Les Wall People, les gens du mur donc, veulent en quelque sorte arrêter sec les vents de la mondialisation et de la modernité. Par définition, ce sont des personnes pessimistes qui ne croient plus en un avenir radieux, ni pour eux, ni pour leurs enfants, et veulent revenir à l’époque d’avant. Mais d’avant quoi ? On ne sait pas trop bien, car bien souvent ce passé est fantasmé, mais ce qui est certain, c’est qu’ils veulent tout arrêter et construire leur mur. Leur ligne Maginot.

« Le CDH, le PS, et la ligne Maginot des Wall People »

En revanche, les Web People, les gens connectés donc, n’ont pas peur de l’avenir, ils savent que la révolution numérique par exemple charrie plus d’opportunités que de menaces. En clair, ils savent qu’aujourd’hui, quelqu’un d’imaginatif avec un ordinateur et un modem peut créer sa société et vendre ses services à des clients du monde entier.

Les Web People ont compris qu’il ne faut plus demander à un enfant quel métier il veut exercer plus tard, car c’est le figer dans un métier qui n’existera sans doute plus dans 20 ans. Ils ont – au contraire – compris que leurs enfants devront apprendre tout au long de leur vie, et s’adapter constamment.

Loin d’être une malédiction, cette souplesse, cette adaptabilité rendra leur vie plus intéressante. En d’autres mots, la vie politique est désormais divisée entre les Wall People, ceux et celles qui ont peur de l’avenir et veulent ériger un mur contre les menaces extérieures. Et puis les Web People, les gens connectés qui ont compris que nous ne sortons pas de crise, mais que nous changeons de monde.

Malheureusement, les personnes qui votent pour le PTB sont souvent des personnes qui appartiennent à la catégorie des Wall People. Et donc si le cdH veut exclure le PS pour éviter que le PTB ne devienne le parti dominant en Wallonie ou à Bruxelles, il devra faire plus qu’exclure le PS : il devra aussi expliquer aux gens du mur comment devenir connectés avec le nouveau monde !

Car il ne s’agit pas de critiquer les Wall People, les gens du Mur, mais de comprendre et de répondre à leurs angoisses légitimes. Et ça, c’est un programme politique qui n’est sur la table d’aucun parti francophone. N’est pas Macron qui veut !

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