Le Cap Corse pour moi tout seul

Après avoir entendu maintes et maintes fois des louanges sur la Corse, je décide de vérifier par moi-même. En prélude, comme premier voyage, je choisis le Cap Corse, l’île de l’île.Soit le doigt de la Corse en cinq étapes de quelques heures avec le sac au dos et les pieds dans de bonnes bottines. Tout commence donc le 4 janvier dans le port de Bastia, où je descends d’un grand navire.

J’apprécie d’abord un petit serré dans le vieux port. Là, les terrasses des cafés et des restaurants ont presque totalement remplacé les boutiques des pêcheurs. Je ne résiste pas à faire un tour dans les ruelles qui se souviennent des cantines et des restaurants populaires. Surprise, je découvre ainsi l’église Saint-Jean-Baptiste corsetée par les hautes maisons du coeur bastiais. Enfin, j’entame la première étape Bastia-Nonza.

Ailleurs qu’en Corse, il faudrait marcher longtemps avant de quitter les faubourgs d’une ville. A Bastia, le passage de la ville au maquis est immédiat. Les ruines de la chapelle ‘San Jacintu’ apparaissent.

Ensuite, c’est Nonza (photo ci-contre), arrivée de la première étape. Ici, en dehors de son ancien couvent des Franciscains, de sa chapelle Sainte-Marie, de ses magasins, il faut boire l’eau de la fontaine Sainte-Julie.

Sur la colline

Le deuxième jour, je marche vers Canari. En chemin, étonnement, je rencontre une ancienne mine d’amiante. Découverte en 1898 par un forgeron, qui troquait l’amiante contre du charbon de bois, ce n’est qu’à la fin des années 20 qu’elle devient industrielle. Fermée en 1966, elle fait partie de l’histoire du Cap. Autre curiosité à ne pas manquer, le campanile de Canari. Plus au nord, les petits villages dans les conques de verdure possèdent un patrimoine étonnant.

A Barrettali se trouvent l’église San-Pantaleone, la chapelle Saint-Guillaume, le couvent des Servites, le tombeau de la famille Altieri. Eh oui, au bord des sentiers ou des routes, des tombeaux foisonnent sur les côtés. Que celui qui a dit qu’on n’emportait pas ses biens dans la tombe tourne sept fois sa langue sans sa bouche!

Luri_2GFLa troisième étape, Canari-Luri, m’oblige à quitter la côte et à grimper la colline. « Sur l’autre versant, vous ne pouviez pas manquer le col de Pinzu, raconte Maité, la patronne du gîte à Spergane. Plusieurs chemins y confluent, confirmant une vocation stratégique reconnue très tôt dans l’histoire. Cette dépression abrite même un menhir, couché par terre. Quand j’étais petite, nous allions y jouer tout en ignorant le nom de cette pierre. »

Les maison d’Américains

Eh oui, je passe ma troisième nuit à Spergane où je savoure le ragoût de sanglier de Maité. Je suis étonné de voir les clémentines et les citrons jonchés sur le sol comme les pommes dans les vergers de chez nous en octobre dernier. Le lendemain, Alain, le mari de Maïté me conduit au pied du sentier qui mène à Centuri.

La côte tyrrhénienne me fait sourire avec ses maisons d’Américains. Elles sont d’apparence un peu massive mais animées par des corniches, pilastres et balcons. Elles ont de beaux jardins plantés d’arbres exotiques qui rappellent le pays de l’émigrant.

cata179Me voilà à Centuri, petit port pittoresque, avec une église et pas moins de cinq chapelles, des éoliennes et des moulins à vent, dont le célèbre mulinu ou Moulin Mattéi, auxquels on a coupé les ailes. Il y a pourtant assez de vent pour les deux.

La dernière étape, Centuri-Macinaggi, est la plus agréable. Elle emprunte le chemin des douaniers. Au loin, les îles de Montecristo, Elbe et Giglio laissent deviner la Toscane. Entre elles, les eaux bouillonnent. Je m’évade un instant en pensant à Edmond Dantes et ce trésor caché sur l’île de Montecristo. Après tout, je peux tout faire, je suis seul.

Je décide de manger près de la tour génoise Santa-Maria. Sa face tournée vers le large a reçu les boulets tirés par la flotte de Nelson en 1793. Depuis cette date, elle est éventrée, mais tient bon.

Et maintenant, elle livre son architecture sur trois niveaux; la citerne en bas, la pièce de vie au centre, la terrasse au sommet.

Un petit détour par la chapelle du même nom que la tour et j’entame la dernière ligne droite.

Enfin presque, car le chemin contourne tout de même une roche plate comme une grosse molaire avant d’arriver à Macinaggi, et son port de pêcheurs.

Je retourne alors à Bastia, avec dans mon sac à dos, des photos qui ne peuvent tout rendre de ce que mes yeux ont vu et un lonzo.

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