La fin du bureau, ce n’est pas pour demain car le bureau physique est d’abord un lieu… de pouvoir!

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Le regretté Churchill disait qu’il ne fallait jamais gaspiller une bonne crise. En l’occurrence, avec le COVID-19, nous sommes gâtés sur ce point-là… Cette crise aura notamment pour effet d’accélérer encore plus la transformation numérique des entreprises. On peut même dire, sans trop se tromper, qu’elle aura permis de gagner quelques années et elle aura aussi au passage donné ses lettres de noblesse au service informatique des entreprises.

Chacun sait que les informaticiens étaient généralement les mal-aimés des entreprises, une sorte de département indispensable mais considéré comme trop cher. Et là, par la magie d’une crise, les informaticiens sont devenus « les héros de l’ombre », car grâce à eux, l’entreprise a pu continuer à fonctionner en mode distance.

Bien entendu, cette crise a mis en avant le rôle du télétravail. Les gens du secteur de l’immobilier en ont peur car il sera sans doute synonyme de krach de l’immobilier de bureau.

Les salariés salivent car, pour eux, le télétravail signifie qu’ils ne devront plus aller à Bruxelles tous les jours, et donc ils pourront opter pour un logement loin des grandes villes, avec une superficie doublée ou même triplée pour le même loyer. Mais est-ce aussi simple que cela ? Oui, sur le papier, mais attention aux risques à long terme car, comme toujours, la vie n’est pas noire ou blanche mais grise et pointillée.

Olivier Babeau, président de l’Institut Sapiens, un institut français chargé de décrypter les tendances, rappelle à juste titre qu’un bureau, c’est plus qu’un endroit physique, c’est aussi un lieu de pouvoir. En effet, plusieurs études ont déjà montré que les personnes qui télétravaillent (même si elles sont plus productives) étaient souvent moins promues que les autres. Une version moderne du « loin des yeux, loin du cœur »…

En réalité, le bureau physique fonctionne comme à la cour de Versailles, il y a celui ou celle qui détient le pouvoir (avant c’était le roi, aujourd’hui, c’est le manager) et puis, il y a la cour autour de lui (et aujourd’hui ce sont les collaborateurs). Comme dans toutes les cours, la compétition fait rage entre ceux et celles qui veulent être le plus vu, le plus remarqué, le plus connu et reconnu, comme l’écrit Olivier Babeau.

Et c’est hélas souvent en fonction de ces agissements que le roi local, donc le patron ou le manager, distribue les places ou accorde ses faveurs (donc les promotions et les augmentations).

Alors c’est vrai, le télétravail brise ces jeux de cours, tous ces rituels d’exposition et jeux politiques, mais en attendant, si la direction ne s’adapte pas au « leadership virtuel », le télétravail risque d’être freiné, non pas par les syndicats comme on le pense souvent, mais par les collaborateurs qui auront peur de ne plus être promus en fonction de leur juste valeur.

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