La durabilité bancaire: entre pub à bon prix et césarienne

Alors qu’on beaucoup trop parlé du Black Friday ces derniers jours, c’est réjouissant de voir qu’un pan entier de notre économie a décidé d’être écoresponsable : plus vert donc !

Je vais sans doute vous étonner mais ce secteur, c’est le secteur bancaire. Les banques ont compris, depuis quelques années, que leurs clients sont aussi des citoyens engagés dans la préservation de notre planète. Donc, après avoir ignoré ou minorisé ce phénomène pendant des années, la plupart des banques (pour ne pas dire toutes) offrent aujourd’hui à leurs clients ce qu’elles appellent des placements durables. En gros, tant qu’à investir en Bourse, faites-le de manière verte et responsable.

Mais comme toujours, un pas en avant doit être suivi d’un autre. Aujourd’hui, de plus en plus de banques s’engagent non seulement à proposer des placements verts, mais aussi à ne plus accorder de crédit à des entreprises polluantes. C’est souvent plus subtil que cela, par exemple en France, le Crédit Mutuel a pris une page pleine et entière dans un quotidien économique pour dire, je cite : « Le climat est l’affaire de tous ! A compter d’aujourd’hui, nous ne finançons plus les nouveaux projets dans le pétrole et le gaz. » Voilà, ça c’est clair !

Les mauvaises langues diront que certaines banques peuvent d’autant plus facilement faire ce genre de déclaration publicitaire qu’en réalité, elles financent très peu le secteur des énergies fossiles. D’autres encore diront qu’à partir du moment où les énergies renouvelables ne sont hélas pas encore prêtes à compenser les énergies fossiles, et comme les politiques s’étripent sur le nucléaire, le seul résultat à court et moyen terme, c’est la hausse de la facture énergétique.

Mais ce n’est pas tout, favoriser des placements et des crédits durables veut aussi dire que des entreprises qui sont parfois des fleurons, dans un pays ou une région, vont devoir se délocaliser là où elles pourront encore exercer leur métier. C’est le cas du secteur de la défense, en Wallonie, ce sujet est très sensible, vu que deux entreprises, parmi les plus importantes de la région, sont dans ce secteur.

Question 1: fait-on passer le durable ou les emplois ?

L’une des entreprises en question est devenu un fleuron européen sur la technologie de l’hydrogène, mais manque de pot, pour financer cette énergie du futur, il faut garder pendant quelques années encore la division défense qui, elle, est très bénéficiaire.

Question 2: les politiques et nos banquiers donneront-ils du temps au temps ?

De même, dans un autre registre, je connais énormément de patrons d’entreprises belges qui commercent depuis des décennies avec l’Afrique, notamment le Congo, et qui ont maintenant les pires difficultés avec leur banque car elles exigent une transparence qu’il est impossible de respecter même si les affaires sont totalement «clean». Résultat, le pays qui a eu une relation privilégiée avec le Congo, fait tout pour bloquer les affaires entre les deux pays. Blocage qui profite à la France, car la banque qui dit NON en Belgique, dit OUI en France et je parle de la même banque !

Donc, oui, vive la transparence, vive le durable, mais l’accouchement de ce nouveau monde s’apparente à une césarienne.

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