KBC : c’est le client qui m’a tué!

Johan Thijs, le PDG de la banque KBC © isopix

C’est un résumé, et comme tous les résumés, il peut parfois être injuste, mais si la banque KBC procède à 1.400 licenciements sur 3 ans, c’est en bonne partie à cause des clients… Fort heureusement, ces 1.400 licenciements ne sont pas des licenciements secs mais des non-remplacements de départs naturels. Le staff de la KBC aurait pu dire : c’est le client qui m’a tué !

Le couperet est tombé chez la banque KBC : 1.400 emplois vont passer à la trappe au cours des 3 prochaines années mais sans licenciements secs. Autrement dit, les départs naturels ne seront pas remplacés. C’est évidemment un soulagement pour les syndicats qui sont restés très calmes mais qui attendent d’en savoir plus, car leur inquiétude désormais, c’est l’éventuelle charge de travail pour ceux qui restent…

Johan Thijs, le PDG de la banque KBC a reçu les journalistes pour expliquer la raison de cette perte de 1.400 emplois. Au fond, il a tout résumé en une phrase : « Nous ne voulons pas devenir le Nokia des banques ! »

En une phrase, Johan Thijs, a tout dit en effet. Souvenez-vous, il y a 15 ans, tout le monde avait un Nokia en poche ; cette firme scandinave était le leader mondial des téléphones portables, un joyau de la technologie européenne. Et puis, Steve Jobs est venu en 2007 avec l’iPhone et les autres concurrents ont suivi… En quelques années, les téléphones Nokia ont été jugés ringards par la clientèle. En résumé, ce sont les clients insatisfaits qui ont indirectement mis Nokia en faillite.

Plutôt que d’expliquer que la situation économique est difficile, qu’à cause des taux d’intérêt bas, la marge des banques s’effrite et que donc, lui en tant que patron de la banque KBC, il devait prendre des mesures, non, il n’a pas joué cette carte de la facilité. Il a dit bêtement la vérité ! Si la banque KBC, mais aussi toutes les autres banques, ont moins besoin de personnel aujourd’hui qu’hier, c’est à cause de nous. En clair, notre comportement en tant que client fait que les banques n’ont pas d’autres choix.

Le patron de la KBC pose d’ailleurs la question très clairement : « Que veut le client aujourd’hui? Il veut des décisions rapides, des services pratiques, faciles d’usage ». Aujourd’hui, par exemple, pour certains clients, la KBC est en mesure de décider en dix minutes de l’octroi ou non d’un crédit hypothécaire. C’est aussi cela la révolution numérique.

Il y a un an, il fallait dix jours pour arriver à la même décision. Et ce n’est pas fini, grâce à la révolution numérique, l’objectif de la KBC est de pouvoir décider dans les 24 heures pour des crédits commerciaux jusqu’à 150.000 €.

Bref, les banques, sous la pression de leurs clients (c’est-à-dire vous et moi) vont continuer à évoluer, à aller encore plus vite. Tout simplement parce qu’à force de tout avoir en deux ou trois clics, nous sommes devenus impatients et nous voulons que tous les business répondent à nos demandes vite, très vite.

Le numérique nous a rendu impatient et en plus, nous voulons faire ces opérations de chez nous et à n’importe quelle heure. Le patron de la KBC a expliqué à mes confrères de l’Echo que ces licenciements sont en quelque sorte aussi imputables aux clients : « Car qui paie les salaires à la fin du mois? Ce n’est pas l’entreprise qui paie les salaires, ce sont les clients de l’entreprise, et l’entreprise se contente juste de redistribuer ».

Et de poser la question : « Pourquoi les magasins se vident-ils dans les rues commerçantes? Mais parce que l’e-commerce existe, et que c’est facile et sûr. Et pourquoi les taxis souffrent-ils? Parce qu’Uber existe, c’est facile et sûr ». Voilà qui va faire réfléchir les patrons qui nous écoutent mais aussi leurs employés.

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