Interview de Marc Raisière (Belfius): deniers publics et lynchage public

C’est l’info de ce début de semaine : le patron d’une grande banque belge, Marc Raisière (Belfius), a fait le buzz sur les réseaux sociaux car il a tenu des propos dans le magazine Trends-Tendances qui ont choqué le monde de l’HORECA.

Dans nos pages, Marc Raisière aurait dit en substance que ce secteur devait être assaini et qu’il survivait grâce au noir. Évidemment, dire cela en pleine 3ème vague et alors que les restaurants sont fermés, c’est mettre du sel sur une plaie ouverte.

Le résultat, c’est que le patron de la banque en question a été surpris par les réactions et a immédiatement présenté ses excuses aux restaurateurs qui se sont sentis blessés par ses propos.

Voilà le résumé de cette énième histoire du tribunal du buzz, ce prétoire virtuel sans juge indépendant pour dire le droit, et sans avocat pour assurer les droits de la défense.

En réalité, qu’a dit de vraiment nouveau ce patron d’une grande banque ? Rien. D’abord, il n’a jamais dit que les entreprises de l’Horeca devaient toutes disparaître dans une grande cure d’assainissement, il a juste parlé des entreprises « zombies », autrement d’entreprises qui sans le « noir » et sans les taux d’intérêts très bas, devraient être logiquement en faillite.

Marc Raisière a osé le dire à un mauvais moment me dira-t-on. Oui, mais la banque nationale de Belgique le dit depuis des années, et elle a aussi calculé que 10% des entreprises belges sont des entreprises « zombies ».

Autrement dit, des entreprises qui survivent de manière artificielle et qui font du tort à celles qui sont saines par une concurrence déloyale ! Or, ce chiffre n’a jamais provoqué des réactions en chaîne sur les réseaux sociaux. Autre exemple : quand un économiste renommé écrit noir sur blanc dans un quotidien sérieux comme La libre que « la faillite est une cruauté nécessaire » personne ne dit rien sur les réseaux sociaux ! Pourtant cette carte blanche, d’un économiste qui n’est pas réputé être ultralibéral, il l’a publiée le 17 septembre dernier en pleine pandémie.

Mieux encore, quand deux syndicalistes de la FGTB et de la CSC spécialistes du secteur HORECA, syndicalistes qui par définition ne sont pas des suppôts du grand capital, font tourner les chiffres et arrivent à la conclusion que près des 40% des entreprises du secteur HORECA sont en faillite virtuelle et ne survivent que grâce au recours au noir, personne ne crie au scandale.

Pourtant ces chiffres ont été dévoilés par mes confrères du journal L’Echo au mois de mai 2020 en pleine pandémie.

Donc, c’est vrai, le secteur de l’HORECA souffre et nous devons tous être solidaires pour aider ce secteur à enjamber cette crise, c’est non seulement une obligation morale mais aussi économique. Mais, je pose aussi la question, peut-on encore oser dire que les deniers publics sont très rares et qu’il faut juste bien cibler ces aides publiques sans risquer un lynchage public.

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