IATA, TO, agences… chacun pour soi

Un article de notre confrère DéplacementsPro nous interpelle : « MisterFly vs IATA : erreur de cible ». Aurions-nous mal lu la « lettre ouverte » de Nicolas BRUMELOT, Président et co-fondateur MisterFly ?

Reprenons-en l’essence. Les citations sont un peu longues mais il est important de les lire pour bien comprendre le débat. Nicolas nous rappelle ce que nous vivons : une sorte de situation « de guerre ». Sans les bombes, heureusement. Sauf que « chez IATA, c’est business as usual, circulez il n’y a rien à voir ».

La réponse de IATA aux demandes agents :

« si la communauté des agents ne devait pas respecter ses obligations habituelles envers l’organisation » C’est une menace même pas déguisée.

« IATA est un animal atypique, c’est le moins que l’on puisse dire. C’est une organisation commerciale internationale et un lobby qui regroupe 293 compagnies aériennes, autorisées à agir de façon concertée entre elles. IATA, qui représente les intérêts exclusifs de ses membres, a été qualifiée « d’organisation mafieuse » par Monsieur Akbar Al Baker, Président de Qatar Airways »

« Son fonctionnement a été qualifié ‘d’immoral’ par Laurent Magnien feu Président d’XL Airways, membre de IATA jusqu’à son dépôt de bilan. »

Et Nicolas Brumelot continue :

« Nous autres professionnels du tourisme, ne sommes que de simples et modestes agents « agréés ». C’est un privilège que vous nous accordez en contrepartie de l’engagement de prêter serment sur la « bible IATA » que sont les fameuses « Résolutions ».

Ces Résolutions, regroupées dans « le Manuel de l’Agent de Voyages », recensent l’ensemble des règles auxquelles nous devons nous plier. Il est utile de préciser, pour ceux qui ne le savent pas, que ces règles sont unilatéralement votées par les seuls membres de IATA, à savoir les compagnies aériennes.

IATA bénéficie des prérogatives d’un monopole. Vous disposez ainsi sur nous agents, d’un droit de « vie ou de mort. C’est ce que l’on appelle communément une dictature. »

La suite est un rappel de la technicité du BSP,  et des méthodes de remboursement des billets. « Les compagnies aériennes, lorsqu’elles acceptent le remboursement, émettent des avoirs non remboursables. » Ce qui a pour conséquence que « Comme nous avons pour obligation de payer les billets au moment de leur émission, vous captez la trésorerie que vous conservez ensuite par tous les subterfuges possibles. Vos membres ne nous remboursent déjà plus les

billets annulés, mais vous continuez à exiger le paiement, rubis sur ongle des billets émis, y compris ceux que nous devons annuler immédiatement après émission ! » Voilà ce que dit essentiellement Nicolas BRUMELOT.

Misterfly vs IATA : erreur de cible

Revenons maintenant sur cet article de DéplacementsPro, signé Yann Le Goff. La question que le journaliste se pose est la suivante : « L’IATA est-elle la responsable de cette mise en danger ? » … « Ne nous trompons pas de responsable » dit-il, et il pense que l’opinion de Nicoals Brumelot est un « lynchage personnel à l’encontre du Président de l’IATA, Alexandre de Juniac ».

Bizarre, puisqu’un peu plus loin il est bien obligé de constater : « IATA a décidé qu’il n’y aura pas d’assouplissement des règles du BSP », et donc « le cri d’alarme et d’angoisse de Nicolas Brumelot est justifié et sûrement partagé par de nombreux autres chef(fe)s d’entreprise de notre secteur. Toutefois, sur le sujet des conditions de règlements du BSP, Alexandre de Juniac n’est que le messager et nullement le décisionnaire. »

N’est-ce pas justement ce qu’on lui reproche ?

Et à travers lui, ce qu’on reproche à tout le « modèle associatif », incapable de prendre une décision ? Le Goff continue : « c’est d’abord la stratégie du chacun pour soi qui prime. On demande bien de mettre son masque à oxygène dans l’avion avant d’aider son voisin… » La comparaison est éloquente.

« la relation entre les compagnies aériennes et les agences est une relation client-fournisseur et chacun a la responsabilité de son revenu, de ses charges et de sa politique commerciale. »

Est-ce bien exact ? En théorie, oui…

Mais la relation n’est pas équilibrée, les rapports de force sont du même acabit que ceux des gros TO qui, naguère, imposaient des conditions léonines aux hôteliers des destinations les plus demandées en all-in. Est-ce que le monde du voyage ne peut fonctionner autrement ?

Le job d’un président d’association

Toujours Le Goff, qui finalement, en contradiction avec son titre, semble donner raison à Brumelot : « Que la base contractuelle des résolutions IATA soit à réécrire, cela semble une évidence. Que la puissance de IATA et de ses membres soit contrôlée et encadrée fait du sens. Que cette crise, entre autres changements de l’industrie, conduise à une redéfinition des relations entre les compagnies aériennes et les distributeurs est une absolue nécessité. »

Et ça, c’est le job d’un Président d’association, c’est la mission que devrait s’imposer Mr de Juniac, c’est pour cela qu’il est payé.

GBTA, AFTM, CNA : Où sont les troupes d’asso ?

C’est ensuite cet autre titre dans la même newsletter qui attire mon regard, avec ce que nous prenions dès l’abord pour une licence due à la nouvelle orthographe. L’article dit en substance qu’une initiative est annoncée par ces associations du voyage d’affaires, « visant au «soutien aux acteurs du travel management ».

Comment ?

Un fond de solidarité ? un lobbyisme actif auprès des autorités ? Auprès des mauvais payeurs ? Non, bien mieux : « un forum de discussion ». « Mais un forum genre euh soutien psychologique ? Thérapie de groupe ? Alcooliques anonymes ? Oui, c’est ce qu’on peut imaginer… »

La limite des associations

Le problème est identique. L’IATA est une association. Nous revenons donc aux débuts de cet article : le phénomène associatif a trouvé ses limites : il reste un forum de discussions et d’échanges, mais est incapable de décider.

Allons plus loin encore : l’Union Européenne est une association. Faut-il en dire plus ? Que l’on ne se méprenne pas : nous sommes partisans de l’Union Européenne. Mais constatons qu’elle ne fonctionne pas en période de crise où règne la règle du chacun pour soi.

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