Et si notre épargne était l’ennemie de la reprise économique ?

Depuis tout petit, on nous a appris qu’économiser était une bonne chose. Avec la cigale et la fourmi, Jean de La Fontaine a même consacré, à « l’épargne », une fable que nous connaissons tous par cœur. Alors dire que notre épargne peut être l’ennemie de la reprise économique, cela semble affligeant et étonnant.

Pourtant, que ce soit Bruno Le Maire, ministre de l’économie en France, ou plusieurs économistes en Belgique, les experts nous disent que nous ferions mieux de nous transformer en cigales plutôt qu’en fourmi.

Pourquoi ?

Parce que l’épargne est une sorte de résidu, c’est la part de notre revenu qui n’est pas consommé, comme l’explique Alexandre Mirlicourtois (XERFI).

Selon lui, ce résidu serait inutile, stérile même, car étant donné qu’il n’est pas dans le circuit économique, tous les secteurs, tous les magasins qui dépendent de nos dépenses ménagères souffrent. Et, en parallèle, les fournisseurs de tous ces magasins souffrent également.

« Donc, pour nous culpabiliser, on nous explique que notre épargne serait notre propre ennemie (Full Stop) mais est-ce aussi simple ? »

Non, bien entendu ! Si nous avons beaucoup épargné, c’est d’abord parce que nous n’avions pas le choix : tout était fermée pendant le confinement. Les économistes parlent d’ailleurs d’épargne forcée.

Et si aujourd’hui, on hésite encore à consommer, c’est parce que nous avons tous peur pour l’avenir. Les médias ne sont pas vraiment là pour nous rassurer, et ensuite, parce que les règles sanitaires restent encore très strictes et limitent donc notre frénésie de consommation.

Les plus optimistes diront que si l’épargne est l’ennemie de la consommation, et elle est aussi l’amie de l’investissement, rappelle Alexandre Mirlicourtois. Mais l’investissement privé ne redémarre pas pour exactement les mêmes raisons, les patrons vivent dans l’incertitude et bloquent ou gèlent leurs investissements tant qu’ils n’y voient pas plus clair.

Au final, comme le privé n’investit pas ou peu, qui prend la relève ?

Je vous le donne en mille, l’État ! Sauf que l’État n’a pas besoin de notre épargne en ce moment, car les taux d’intérêt ont été fixés artificiellement bas par les autorités monétaires pour justement permettre à nos gouvernements d’emprunter, presque gratuitement, l’argent dont ils besoin pour financer leurs plans de relance. Et c’est exactement ce qui se passe en ce moment.

Alors oui, c’est vrai, notre épargne est très élevée et est en quelque sorte inutile, stérile, mais cela veut dire aussi que quand la confiance reviendra (autrement dit, quand un vaccin verra le jour ou que l’épidémie se calmera ou se montrera moins mortelle) la reprise sera forte, très forte.

C’est un discours qu’on entend pas ou peu, et c’est normal : les mauvaises nouvelles et les « fake news » se propagent 6 fois plus vite que les bonnes nouvelles. Et pour beaucoup de médias, les bonnes nouvelles ne sont donc pas des nouvelles !

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