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Accueil LES CHRONIQUEURS La chronique d'Amid Faljaoui Et si en battant monnaie, Facebook se substituait aux États ?

Et si en battant monnaie, Facebook se substituait aux États ?

© GettyImages

Facebook lance une monnaie virtuelle qui sera disponible vers le milieu de l’année 2020 et qui permettra d’envoyer des fonds, sans frais, 7 jours sur 7 et de manière aussi facile qu’on s’envoie des messages sur Messenger ou WhatsApp.

Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook avait déclaré, en avril dernier, qu’il sera bientôt aussi simple d’envoyer de l’argent avec son smartphone que d’envoyer une photo. Ce n’était pas une déclaration en l’air puisqu’il vient d’annoncer que Facebook allait lancer le LIBRA, une sorte de monnaie digitale qui sera opérationnelle vers le milieu de l’année 2020. Pour créer cette monnaie virtuelle, Facebook s’est associé à 28 groupes mondiaux actifs dans des domaines très divers : que ce soit Visa, MasterCard, PayPal, Booking, Spotify, Uber, etc.

Grâce à cette association, la nouvelle monnaie virtuelle (le LIBRA) devrait permettre à ses utilisateurs de s’envoyer des fonds de manière instantanée et sans frais 7 jours sur 7. Les seules conditions pour le faire, c’est d’avoir un smartphone et un portefeuille numérique, rien d’autre. Le LIBRA sera disponible dans WhatsApp et dans Messenger pour s’échanger de l’argent comme on s’échange des messages.

Mais attention, je parle de monnaie virtuelle alors que ce n’est pas à 100 % exact… En effet, alors que les « crypto-monnaies », comme on les appelle, sont totalement virtuelles, car créées à partir de rien (si je puis dire), ici, le LIBRA sera notamment adossé à un panier de devises stables comme le dollar, l’euro et la livre sterling.
C’est ce mardi, demain donc, que Facebook doit présenter les détails de son projet de monnaie virtuelle et les questions ne manquent pas : comment pourra-t-on acheter cette « crypto-monnaie » ? Que vaudra le LIBRA ? Qui pourra contrôler ce LIBRA ? Comment Facebook et ses partenaires vont-ils gagner de l’argent avec le LIBRA ? Et qu’en est-il de la protection de nos données personnelles ? Bref, autant de questions sans réponse en ce moment.
 Mais il y a, d’ores et déjà, quelques leçons à tirer de cette annonce de Mark Zuckerberg. D’abord, cela va permettre aux « crypto-monnaies » de sortir de l’ombre ou plutôt de leur ghetto. En effet, on a beaucoup parlé à un moment donné du Bitcoin : on a surtout parlé de son cours qui a grimpé en flèche et puis qui a aussi dégringolé en flèche… Mais au final, ces crypto-monnaies restaient malgré tout confidentielles au sein de la population. Ici, on parle de plusieurs milliards d’utilisateurs qui auront accès au LIBRA et qui donc pourront utiliser une monnaie virtuelle dans leur vie courante.
La deuxième leçon, c’est qu’avec le LIBRA, Facebook va se créer un deuxième business, car jusqu’à présent son business actuel dépendait à 98% de la publicité en ligne. Le LIBRA permettra sans doute à Facebook de renforcer ses liens avec ses plus de 2 milliards d’utilisateurs fidèles.
Finalement, avec l’arrivée d’un acteur aussi puissant que Facebook sur leur plate-bande, les banques ont un nouveau concurrent de taille mondiale. N’oublions pas que le LIBRA est aussi un défi aux banques centrales et à nos Etats, car jusqu’ici seul un Etat pouvait émettre de la monnaie. Facebook est en train de démontrer qu’un grand groupe privé peut, ou pourrait, remplacer l’Etat dans la création d’une monnaie ! Nous sommes donc, bel et bien, face à une révolution dont on va encore parler pendant plusieurs mois.

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