Découverte – Destination (29): Sealand 

En 1943, la Royal Navy construit à 12 km des côtes anglaises, face à Felixtowe, une plateforme en béton et en acier, poste avancé équipé de mitrailleuses pour abattre les avions de la Luftwaffe qui s’aventureraient vers les côtes anglaises.

Abandonnée après la guerre, la plateforme équipée d’un héliport attire l’attention du propriétaire d’une chaîne de boucheries, Roy Bates. Roy en avait assez de sa petite vie de commerçant, il cherchait un nouveau défi à relever. À 12 km des côtes, c’était tout juste en-dehors des eaux territoriales : un endroit idéal pour y installer une station de radio libre comme il en fleurissait beaucoup à l’aube des années 60. Une station qui pourrait diffuser de la music pop, du rock-and-roll, sans devoir rendre des comptes à la BBC, et à l’abri de toutes poursuites.

Roy Bates, sa femme Joan et leur fils Michael prennent donc possession de la plateforme abandonnée, tout simplement. Ils l’aménagent à leur goût et y vivent agréablement, enfin si l’on peut qualifier d’agréable le climat pluvieux de la mer du Nord.

Mais voilà qu’un jour (vers la fin de 1966), un navire anglais qui avait été envoyé pour réparer une bouée de navigation décide par pure curiosité de s’approcher de la plateforme. Un peu trop près au goût de Michael Bates, qui pour assurer sa tranquillité et affirmer son droit de propriété tire quelques coups de semonce à la mitrailleuse. La bateau anglais détale à toute vapeur, mais les autorités côtières sont alertées, et se mettent à surveille de très près l’îlot de béton.

Au beau jour, Michael débarque en Angleterre pour une course quelconque, et il est arrêté sur le champ, au motif de détention et d’usage intempestif d’arme à feu. Le juge est bien embêté quand il constate que Sealand se trouve en-dehors des eaux territoriales britanniques. Il n’a d’autre choix que de déclarer sa cour incompétente, au sujet de ce qu’il dit n’être qu’un « incident de cape et d’épée comme à l’époque de Francis Drake ».

La famille Bates est plus que satisfaite : non seulement Michael s’en tire sans condamnation, mais encore l’arrêt du juge anglais peut être considéré comme une reconnaissance de facto de Sealand. Le 2 septembre 1967, l’indépendance est proclamée ! Roy Bates devient le premier Prince de Sealand (par son prénom, il était déjà un peu roi…). Il mourut en 2012, à l’âge de 91 ans, mais il avait déjà abdiqué en 1999, et Michael lui succéda. Depuis le fils de Michael, et jusqu’à l’actuel Prince Freddy, son petit-fils, assurent la pérennité de la dynastie.

Il faut dire à la vérité que la Grande-Bretagne décida, en 1987, d’élargir ses eaux territoriales à 12 miles nautiques au lieu de 3, ce qui incluait la plateforme. La face était sauve pour la couronne britannique, qui eut pourtant le fair-play de laisser une autre famille régnante sur Sealand.

Les quelques habitants vivent du commerce de leurs pièces de monnaie et de leurs timbres, très recherchés par les collectionneurs.

Vieillissant, Michael Bates a décidé de vendre la plateforme. Il en fait la promotion, affirmant que les deux énormes piliers qui la portent sont en fait des cylindres creux. « Chaque tour a 7 étages et 7 chambres. La plateforme en compte encore une douzaine. Il y a également une salle de conférences, une installation de dessalement de l’eau de mer, une chapelle et une prison ». Si vous êtres candidat acquéreur du « plus petit pays du monde », vous savez maintenant à qui vous adresser…



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