Covid-19: l’étendue de la catastrophe
pour le tourisme

On connaît aujourd’hui un peu mieux l’étendue de la catastrophe à laquelle le secteur du tourisme est confronté en Europe. La Commission européenne a calculé que, cette année, les revenus devraient s’effondrer de 50 % pour les hôtels-restaurants en 2020, de 70 % pour les agences de voyage, et de 90 % pour les compagnies aériennes et les croisiéristes.

Sur le seul mois de mars, estime les économistes d’UBS, les recettes se sont déjà effondrées de 68 % en Europe, qui représente la moitié du marché mondial du tourisme, en particulier en Italie (- 95,6 %), en Espagne (- 77 %), en Grèce et au Portugal (- 70 %).

La chute est particulièrement dure pour le sud de l’Europe, où le secteur représente une part de la production de richesse et de l’emploi plus importante qu’au nord. Selon la Banque mondiale, le tourisme pèse 13,1 % du produit intérieur brut (PIB) en Italie, 14,9 % en Espagne, 17,8 % au Portugal et 20,2 % en Grèce, contre 10 % du PIB en moyenne dans l’Union européenne (UE), et 9 % en France.

Vers un « plan Marshall » ?

Pour ce qui est du Portugal et de la Grèce, c’est d’autant plus injuste que ce sont ces deux pays qui ont le mieux géré la crise du coronavirus et connaissent le moins de victimes : respectivement 973 décès et… 139. En 2018, le tourisme avait rapporté plus de 16 milliards d’euros de recettes au Portugal, soit plus du double de 2010. Lisbonne et Porto ont pu rénover leurs centres-villes grâce à cet afflux de devises. En Grèce, le nombre de visiteurs avait grimpé de 24 millions en 2015 à plus de 30 millions l’an passé, contribuant au redressement du pays.

Lors d’un Conseil européen informel, lundi dernier,  les pays du sud de l’Europe ont tiré la sonnette d’alarme et réclamé qu’une partie des mesures de relance envisagées par les Etats membres soient consacrées au tourisme. De son côté, le commissaire européen au marché intérieur, le Français Thierry Breton, plaide déjà pour l’instauration d’un « plan Marshall » en faveur de ce secteur.

Les pays du sud veulent sauver leur saison

Au cours de ce « sommet » informel — où la Belgique était représentée par la ministre du Tourisme de la Communauté Germanophone, Isabelle Weykmans (photo) — le ministre grec du Tourisme, Harry Theoharis, a appelé l’Europe à élaborer rapidement des règles.

À l’approche de l’été, « un plan de bataille doit être prêt. Et le mieux serait que ces règles soient décidées et uniformisées au niveau européen », a souhaité le ministre.

Pour sauver leur industrie touristique, les pays du sud de l’Europe veulent voir les restrictions disparaître dès que possible. Deux voies possibles se dessineraient pour permettre les déplacements au sein de l’Union européenne :

Le passeport Covid-19: un document qui serait valable dans tous les États membres. Basé sur un test PCR et/ou d’immunité, le document, a priori numérique, confirmerait que le touriste n’est pas infecté par le Covid-19 et peut s’en défendre. L’OMS rappelle toutefois qu’il n’y a encore aucune certitude sur l’immunité réelle au Covid-19.

Le corridor: il offrirait une « connexion » pour amener les touristes sur place en douceur. Concrètement, il s’agirait de vols spécifiques, organisés et sécurisés pour des destinations précises et sous contrôle. C’est l’idée de la Croatie, qui souhaite attirer les voyageurs de la République tchèque, de l’Autriche et de l’Allemagne vers ses stations balnéaires, comme Dubrovnik et Split. La Grèce y semble également favorable.

La Commission européenne devrait disposer d’ici la mi-mai d’une série de propositions pour soutenir le secteur du tourisme. Mais ces solutions pourraient faire face à un imbroglio juridique. Ainsi, le passeport et même l’idée de couloirs sont contraires au principe de la libre circulation des personnes au sein de l’Union européenne…

[Avec Le Monde et Businessam.be]



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