Aventures bruxelloises

Je n’ai pas trouvé, dans l’actualité touristique de la semaine, de quoi faire mes choux gras. Aussi, je vais plutôt vous narrer mes aventures bruxelloises : profitant d’une journée de pont qui supposait un trafic moins danse que de coutume, j’ai pris le risque de faire en voiture les 17 km qui me séparent de la capitale.

Prise de risque

D’habitude, j’y vais en train puisqu’on m’empêche d’y rouler en voiture ; encore faut-il que le lieu où je dois me rendre soit proche d’une gare, et que celle-ci soit desservie au départ de ma commune, ceci sans le concours du RER attendu depuis 25 ans.

Autrement, je refuse tout simplement de m’y rendre. Je suis arrivé sans encombre en plein cœur de la ville, et j’ai sagement déposé ma voiture au parking dit « de l’Ibis », tout à côte de l’Ilot Sacré : je devais y passer avant de me rendre sur la Grand’Place.

Ilot Sacré ? Sacrément changé !

La partie « haute » de la Rue des Bouchers n’est plus tout à fait ce coupe gorge désaffecté : une nouvelle boutique, un nouveau restaurant, même si un autre a fermé. Les tables ne gênent plus tellement le passage, et je n’ai subi aucun racolage.

Je voulais aller « Chez Léon, Friture bruxelloise » parce que mon petit doigt m’avait dit que la célèbre enseigne venait de reprendre un autre nom symbolique du quartier : « Les Armes de Bruxelles » ! Je voulais voir par moi-même. « Les Armes » sont toujours sans poudre, et on n’a rien pu me dire « Chez Léon », parce que « la direction n’est pas là aujourd’hui ».

Venez voir la Petite comme elle est grande !

Il me restait à prendre la Petite Rue des Bouchers… Quel choc ! Elle est comme par miracle devenue aussi large que la Rue des Bouchers : plus aucune table, plus aucun étal sur la rue. Plus aucun restaurant non plus (enfin si, il doit en rester 3 sur la bonne trentaine qui racolait auparavant).

Tout le reste est en travaux de rénovation, ou réaménagement ! Il se passe vraiment quelque chose dans le domaine de la restauration à Bruxelles. On entend dire que tel groupe est en faillite, que tel magnat turc rachète tout le Marché aux Poissons, etc.

Îlot sucré !

La rue au Beurre (il en faut pour faire du chocolat) et les rues adjacentes sont dédiées aux chocolatiers : toutes les marques belges de prestige y sont ; certaines ont parfois 3 boutiques différentes à 5 ou 10m l’une de l’autre, sous la même enseigne ! Mais pourquoi pas ? On tient là un bon produit, fait pour la plupart par de très bons artisans, je ne vais donc pas critiquer.

Un bistrot

Je voulais voir ce qu’il était advenu de la Maison du Cygne, fleuron de la Grand’Place, reprise tout récemment. Seul l’ancien « Ommegang », le resto du rez-de-chaussée, est rouvert. Le décor n’a pas changé mais semble plus lumineux.

Le mobilier nouveau est dans les tons verts. Le nom, lui, a changé : « Le Bistrot ». On se demande donc si l’on va trouver la grande cuisine bourgeoise que le décor inspire, ou si l’on va plutôt sacrifier à la mode de la « bistronomie ».

Rognon solitaire

La carte est une tablette, bien faite et facile d’utilisation. Mais on comprend très vite où est le piège. Exemple : je commande des toasts au saumon en entrée, à 15 €, ensuite un rognon de veau. Les toasts, par ailleurs très bons, sont en quelque sorte 3 bouchées, guère plus.

Le rognon est juste un rognon, rien d’autre. Il est tout seul, perdu au milieu d’une assiette par ailleurs totalement blanche. Le truc, c’est qu’il faut aller plus loin sur la tablette pour découvrir soit une sauce (en supplément), soit une garniture (en supplément). Ceci dit, le rognon était parfait, heureusement.

Le vin, piège à touriste

Le vin est proposé au verre. On comprend vite pourquoi aussi. Le sommelier n’a pas de carte des vins, mais un classeur d’écolier où ses vins sont listés, mais il ne le met pas à votre disposition.

Il vous propose un Croze-Hermitage si vous lui demandez ce qu’il a comme Côte du Rhône. C’est gentil mais un peu cher. On trouve finalement un Saint-Joseph à 45 € la bouteille « hors TVA » nous précise le sommelier. Étrange, et pas trop légal, tout ça. Elle est de combien, la TVA, sur une boisson de restauration ?

Le touriste chinois n’en sait rien, moi non plus. Sur la carte, on trouve aussi des plats « bistrot », comme des hamburger-frites, des moules frites : pas vraiment en accord avec le style très cosy du lieu. C’est étrange. Le service est attentionné, très attentionné : ils veulent savoir à tout prix si cela vous plaît. C’est un peu trop. Mais bon, on ne va pas faire la fine bouche.

Inflation de 10% l’an

Mon repas terminé, je vais reprendre ma voiture au parking. De 11h45 à 15h exactement, j’en ai eu pour 9,20 €, soit exactement 50% de plus que lors de ma dernière visite (il y a 5 ans, c’est vrai). Mais 10% d’augmentation par an en 5 ans, ce n’est plus de l’inflation, cela devient de la complicité avec tous ceux qui, dans cette ville, veulent vous dégoûter de venir en voiture.

Cela part sans doute d’un bon sentiment, mais comment faire quand on habite Havelange ou Céroux-Mousty ? Le train n’y est pas fréquent. Et pas pratique quand on doit, par devoir paternel, s’arrêter dans un magasin bien précis de la chaussée de Waterloo, au Vivier d’Oie. Havelange-Vivier d’Oie, Ryanair n’opère pas. Ah, voilà encore une expérience !

On n’est pas Rue de Stalle

Par une chance extraordinaire, je trouve une place de parking devant une boulangerie, à 5 m du magasin que je dois visiter. Et comme il me faut un pain, quoi de mieux que de l’acheter dans une boulangerie ? J’ai failli ressortir… Le pain « normal » se vend entre 7 et 9 € !

Si je compte en vieux francs belges, je suis donc à 360 balles pour un pain !! J’en ai pris un petit, 20 cm de diamètre : 180 anciens francs, ou 4,50 €, soit dix fois plus en 20 ans. Une pub à la télé, ce soir même, vient de me proposer un bikini à ce même prix, chez C&A. Hélas je n’ai pas besoin d’un bikini, même s’il se conservera plus longtemps qu’un pain. (Sans toi, ma mie, comme disait l’autre).

On est à Uccle, je sais. Mais quand même, je n’étais pas prêt à subir ce choc. Le Brabant Wallon fait figure de zone, à côté. J’ignore quand je retournerai dans la Capitale en voiture. C’est une aventure qui coûte cher, en argent, mais aussi en stress. Ah, si l’on pouvait construire les villes à la campagne…

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