Attentat contre les Coptes en Égypte

A l’instar de la Turquie, l’Égypte aussi a été victime du terrorisme ce dimanche. Un attentat à la bombe dans une église copte orthodoxe du Caire a fait au moins 25 morts et 31 blessés. La plupart des victimes sont des femmes.

Une attaque non revendiquée contre les chrétiens

L’explosion, entendue dans tout le quartier, a eu lieu en début de matinée dans l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, liée à la cathédrale copte Saint-Marc, siège du pape de l’église copte Tawadros II. Selon une source de la sécurité, la bombe était constituée d’environ 12 kg de TNT. Elle a explosé près d’un pilier. Des impacts étaient aussi visibles sur le sol de marbre. Des chaussures et d’autres effets personnels étaient éparpillés au sol.

Les autorités ont saisi les caméras de sécurité de l’église pour commencer à examiner leur contenu, ont indiqué des responsables policiers sous couvert d’anonymat. L’attaque n’a pas été revendiquée pour l’instant.

Des chrétiens réunis autour de l’église ont scandé des slogans contre le terrorisme mais aussi le gouvernement en place : « Dites au cheikh, dites au prêtre, le sang des Egyptiens n’est pas bon marché », « Ministre de l’Intérieur démission ». Certains réclamaient la chute du régime.

Les islamistes accusent les coptes d’avoir soutenu la destitution du président frère musulman Mohamed Morsi. Pour l’écrivain et journaliste d’origine égyptienne Robert Solé, les coptes paient ainsi le fait de ne pas être musulmans et d’avoir soutenu massivement le président Sissi. « Ils ont voté pour lui comme un seul homme », insiste-t-il.

Trois jours de deuil national

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a condamné l’attentat qu’il a qualifié de « lâche » et a déclaré trois jours de deuil national à compter de dimanche. Cet attentat « vise la nation avec ses chrétiens et ses musulmans », a-t-il réagi. « L’Égypte n’en sortira que (…) plus unie ». L’imam de la plus haute institution de l’islam sunnite en Égypte, Al-Azhar, a également condamné une attaque « infâme ».

Contexte difficile

Les Coptes orthodoxes d’Egypte constituent la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient et l’une des plus anciennes. Le 8 mars 2011, 13 personnes avaient été tuées lors d’affrontements entre musulmans et Coptes dans le quartier déshérité de Moqattam au Caire, où un millier de chrétiens s’étaient réunis pour protester contre l’incendie d’une église du sud de la capitale.

Deux mois plus tard, des affrontements entre musulmans et Coptes ont fait 12 morts et plus de 200 blessés dans le quartier populaire d’Imbaba au Caire où une église est attaquée et une autre incendiée.

Faiblement représentés au gouvernement, les coptes s’estiment tenus à l’écart de nombreux postes de la justice, des universités ou encore de la police. La montée d’un islam rigoriste aggrave leur sentiment de marginalisation, surtout depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février 2011, qui s’est traduite par une dégradation du climat sécuritaire. Les Coptes orthodoxes constituent la grande majorité de la communauté chrétienne d’Égypte qui compte également des catholiques.

On estime à plus de 100 000 le nombre de coptes qui ont émigré d’Égypte pendant que les frères musulmans étaient au pouvoir. Par ailleurs, des dizaines d’églises ont été incendiées après la dispersion sanglante du sit-in islamiste de Rabaa en août 2013. « On s’en prend aux coptes et on sait que ça fait beaucoup de bruit, que ça gêne énormément les autorités, que ça divise la Nation. C’est une cible facile, d’autant que les coptes ne sont pas violents eux-mêmes. Ils ne répondent pas à ce genre de violence », analyse Robert Solé.

Le tourisme toujours en berne

Après avoir annoncé un plan pour relancer le tourisme, l’Égypte fait face à un nouveau coup d’arrêt. La découverte d’une cité de 7 000 ans en novembre sur les bords du Nil, l’une des plus grandes trouvailles archéologiques, ne suffira sans doute pas à redresser le secteur touristique dans ce contexte sécuritaire.

Au-delà de cet attentat contre les coptes, c’est une autre guerre contre les djihadistes qui a lieu en Égypte, bien moins médiatisée que celles menées en Irak, Syrie, Lybie ou au Mali. Le Caire affronte quasi quotidiennement des djihadistes dans le Sinaï, dont le nombre est estimé à 2 000.

Néanmoins, les djihadistes n’ont tué aucun touriste sur le sol égyptien depuis 2010, font valoir les autorités, qui ne comptent pas la destruction de l’avion de ligne russe. Mais cette relative sécurité n’a pas pour autant incité les touristes, en majorité russes et britanniques, à revenir. Le nombre d’entrées est passé de 15 millions en 2010 à 9 millions l’an dernier et à 3,5 millions de janvier à août cette année.

[Source : Le Parisien & RFI]

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