Accident du B737 MAX d’Ethiopian Airlines: la prudence est de mise

Le 10 mars dernier, le vol ET302 d’Ethiopian Airlines reliant Addis-Abeba à Nairobi venait s’écraser quelques minutes après son décollage, tuant les 157 occupants à son bord. Depuis cette triste journée, les spéculations se sont multipliées autour des causes potentielles de l’accident, aboutissant même à l’interdiction de vol temporaire du B737 MAX8.

Dans ce contexte difficile, le SNPL France ALPA tient à s’associer à la douleur des familles des victimes, et propose son expertise dans le cadre de l’enquête technique pour laquelle l’Éthiopie a confié le dépouillement des données des boîtes noires au Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA).

Aucune information à ce jour ne permet d’émettre une quelconque hypothèse sur les causes de l’accident et il est essentiel de mettre tout en œuvre pour que les enquêteurs puissent travailler sereinement à l’établissement des faits.

«En tant que membre de l’IFALPA (Fédération internationale des associations de pilotes), le SNPL France exhorte les différentes parties prenantes de l’enquête à se conformer aux dispositions de l’Annexe 13 de l’OACI relatives aux enquêtes sur les accidents d’aviation. Nul doute que la collecte objective des faits, à commencer par les données des enregistreurs de vol, permettra la détermination des facteurs contributifs à l’accident et la rédaction de recommandations de sécurité essentielles à la reprise des vols des B737 MAX».

Le transport aérien est affecté depuis plusieurs années par des incidents ou des accidents, dont l’une des causes est la logique extrêmement sophistiquée des technologies informatiques embarquées. Ces systèmes, dont l’ambition serait de rendre les vols plus sûrs, connaissent un développement si rapide que les autorités de certification ont du mal à évaluer leurs effets secondaires, notamment sur la conduite du vol et la formation des équipages.

De plus, ces technologies informatiques dépendent elles-mêmes de capteurs par essence peu fiables, et n’acceptent généralement pas de rendre la main aux pilotes.

Ce contexte d’évolution technologique, mal maîtrisé, permet de comprendre l’inquiétude générale qui a conduit à la décision des différentes autorités d’opter pour une mesure de précaution, celle de l’interdiction temporaire de vol du Boeing 737 MAX.

Le SNPL France ALPA, en tant que représentant des pilotes professionnels, premiers garants de la chaîne de sécurité des vols, rappelle que les enquêtes techniques autour des accidents/incidents aériens contribuent chaque jour à rendre l’aviation plus sûre. Il convient donc de laisser les enquêteurs agir et de s’abstenir de toutes spéculations sur les circonstances de la perte du vol ET302.

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L’avion sans pilote n’est pas pour demain…

Dans L’Echo de ce samedi, notre excellent confrère Patrick Anspach va plus loin: « Le 737 MAX relance le conflit entre ingénieurs et pilotes » écrit-il. « Les constructeurs aéronautiques veulent laisser le moins de droit d’initiative au personnel de maîtrise et en octroyer davantage à… la machine ».  C’est ce que craignent de plus en plus de pilotes.

Trois d’entre eux témoignent dans L’Echo. Et l’accusation est grave. Qu’il s’agisse des récents crashes de Lion Air, d’Ethopian ou même du vol Rio-Paris d’Air France, il semble que la machine se soit retournée contre le pilote.

Il existe une forte demande de pilotes. Se pourrait-il qu’on cherche à réduire leur temps de formation en confiant de plus en plus de tâches aux ordinateurs de bord ? Ce serait simplement criminel. L’avion sans pilote, en tous cas, ce ne sera pas pour demain. C.B.

 

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