La compagnie aérienne peine à sortir de l’ornière dans laquelle elle est tombée depuis le début de la crise sanitaire. L’échec des négociations salariales la fragilise encore un peu plus. Au lendemain du début d’une grève illimitée à l’appel du principal syndicat de pilotes, elle vient donc d’annoncer ce mardi son placement sous le régime des faillites aux États-Unis (le fameux chapitre 11). Lequel lui permet de maintenir son activité tout en se restructurant (“pendant six à neuf mois”) et en se mettant à l’abri de ses créanciers.
La Suède et le Danemark, les deux Etats actionnaires majoritaires du transporteur, ne cessent, depuis le début de pandémie, de consentir de nouveaux efforts pour la sauver. Les États des deux pays constituent ses principaux actionnaires avec l’un et l’autre 21,8%. Les Etats suédois et danois avaient déjà finalisé en octobre 2020 un plan de recapitalisation de SAS qui s’était traduit par une montée dans le capital de la compagnie scandinave (le premier possédait auparavant 14,8% du capital et le second 14,2%).
Copenhague se déclarait il y a encore quelques jours prête à augmenter sa participation jusqu’à 30% du capital, apportant de nouveaux fonds propres, tout en effaçant une dette de 3,5 milliards de couronnes (quelque 470 millions d’euros) que lui doit la compagnie. Stockhom avait en revanche indiqué qu’elle ne participerait pas à une nouvelle augmentation de capital. Mais la Suède, qui a déjà beaucoup aidé SAS pendant la crise sanitaire, et consenti des prêts, doit obtenir l’aval du parlement pour que soit convertie une partie de sa dette en actions.
Pour SAS, une conversion supplémentaire de la dette en actions – au moins équivalente à celle de l’Etat suédois – et une prochaine levée de fonds d’environ 900 millions d’euros devaient lui permettre de surmonter la crise. Des investisseurs privés étaient également espérés à cette occasion. La compagnie scandinave, pour convaincre, doit aussi obtenir des résultats avec son plan d’économies SAS Forward lancé en début d’année. Ce qui reste à démontrer dans le contexte actuel, entre le pétrole cher, une partie de la clientèle d’affaires qui manque toujours à l’appel, et bien sûr les tensions sociales liées à des effectifs insuffisants et aux difficultés pour recruter. Sur ce dernier point, on rappellera que SAS a beaucoup licencié pendant la crise, réduisant ses effectifs de 40% rien qu’en 2020…
VDM