Capitale toute en couleurs et en lumière, héritière d’une longue tradition d’expéditions maritimes, Lisbonne n’en est pas moins une ville de quartiers anciens qui s’étirent le long du Tage en escaladant les collines autour desquelles s’entortille la ville. Quand le soleil se couche, les mouettes font des piqués au raz du fleuve qui s’embrase et scintille de reflets dorés qui lui ont donné l’étrange surnom de mer de Paille.
Le regard flou, égaré dans la monotonie du cabotage de ruelles, le conducteur desserre le frein d’un geste et, dans un gémissement, le petit train à crémaillère jaune-citron s’élève vers le Bairro Alto. Toute la journée, il parcourt ainsi de bas en haut et de haut en bas la calçada da Gloria. A Lisbonne, rien n’est en ligne droite. La topographie de la ville bâtie sur plusieurs collines fascine et épuise. Il y a toujours une rampe à escalader, une passerelle à gravir, des marches à monter et à descendre, et tant de ruelles qui s’emboîtent les unes dans les autres.
Spectacle fascinant du désordre des toits de Lisbonne
Miraculeusement, les volées d’escaliers mènent souvent à un belvédère, un miradouro, là où on peut enfin s’asseoir sur un banc et embrasser la ville d’un seul regard. Celui de São Pedro de Alcantara ressemble à un petit jardin en terrasse et offre une vue panoramique sur les principaux monuments de Lisbonne : la nef éventrée de l’église Do Carmo, les remparts crénelés du château Sao Jorge, la longue cascade mauve des bougainvillées de Sao Pedro de Alcantara, la masse vert sombre du Jardin Botanique, la Sé, à savoir la cathédrale, aux allures de minuscule forteresse, l’enchevêtrement de toits de tuiles rouges qui descendent vers le fleuve, et enfin, le Tage, large ruban bleu où les paquebots à l’ancre invitent au voyage.
Autre belvédère qui surgit à Bica, un vieux quartier de pêcheurs, au sommet d’une volée d’escaliers particulièrement raide, le miradouro de Santa Catarina do Adamastor depuis lequel on peut contempler les bateaux glissant sur le Tage, le Cristo Rei et le pont rouge suspendu dit du 25 avril en toile de fond.
Le sommet de la colline de Graça parsemée de villas et de cités ouvrières du 19ème siècle dévoile un autre panorama sur la ville. Ici le belvédère s’agrémente d’un petit kiosque et d’une terrasse au pied de l’église Nossa Senhora da Graça, idéal pour une pause café en jouissant d’une vue imparable sur le quartier de la Mouraria. Les plus courageux poursuivront l’escalade jusqu’au miradouro da Senhora do Monte, véritable balcon au-dessus de la ville pour mieux découvrir l’emboîtement des quartiers.
Capitale inépuisable
Tout le charme de Lisbonne tient dans cette errance au cœur de la ville, au hasard des émotions et des rencontres. Visiter Lisbonne est une affaire de flânerie, comme une randonnée urbaine. Il faut renoncer à suivre un itinéraire précis et accepter de s’égarer dans le labyrinthe de ruelles creusées d’escaliers tortueux et d’impasses où la lumière tente d’apprivoiser des pans d’ombre. Chaque quartier enroule son dédale de venelles pavées et luisantes autour de sa colline.
Sans doute les familles les plus modestes vivent-elles à l’est de la ville et les artistes à l’ouest, mais partout, la vie se niche entre les murailles, derrière des fenêtres closes envahies de plantes vertes et de cages à oiseaux. Jardins de balcons suspendus, de plantes grasses ou de géraniums vermeils. Jardins secrets qui se devinent derrière de hauts murs tapissés d’azulejos, ces carreaux de faïence émaillés qui colorent les façades de la ville. Jardins publics ombragés où, le dimanche, les hommes se retrouvent autour d’une table pour jouer aux dominos. Et de colline en colline, au détour de quartiers toujours plus reculés, Lisbonne apparaît inépuisable…
Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux
PRATIQUE
Infos : www.visitlisboa.com 3 jours de visite et il reste encore de nombreux coins, trésors, quartiers, etc. à découvrir… Un guide de voyage très utile sans être encombrant avec plein de bonnes adresses, le Cartoville Gallimard de Lisbonne
Circuler : La Lisboa card est un véritable sésame pour circuler dans la ville que ce soit en métro, tram, funiculaire et train. De plus elle donne accès à de nombreux musées. Attention cela ne vous empêche pas de faire la file (ou pas) pour aller chercher un ticket d’entrée !
Incontournables musées repris dans la Lisboa card : la tour de Belém, le centre culturel de Belém, le monastère des Hiéronymites, l’Arc de Triomphe, le musée national de l’Azulejo dont les collections permettent de faire un voyage dans le temps depuis le 15ème siècle à nos jours. A découvrir aussi en levant le nez sur certaines façades et la signalisation des lieux.
Offrez-vous aussi un tour d’une heure sur le Tage pour découvrir la ville depuis le fleuve avec Yellow Boat Tour www.yellowbustours.com/en
Se loger : Sans hésiter le NH Lisboa Campo Grande. Pour sa proximité avec l’aéroport (3 km à parcourir avec l’Aerobus), pour sa rame de métro toute proche qui permet de joindre le centre ville en un clin d’œil, pour son confort et sa luminosité, pour l’excellence de son petit déjeuner et pour l’accueil de la réception qui répond à toutes les questions. www.nh-hotels.fr/hotel/nh-lisboa-campo-grande
Se nourrir : Il y a pléthore de restaurants dans la ville mais nous avons apprécié les spécialités portugaises servies chez A Licorista O Bacalhoeiro dans la Rua dos Sapateiros 218. Il faut demander la carte en portugais pour découvrir le menu du jour. A Belém, dans la rue de Belém 2 à 8, une sympathique terrasse avec des menus savoureux à prix doux.