Si je vous dis que la ville de Seraing est une destination touristique, vous allez me rire au nez, car vous n’y voyez que les hauts fourneaux (du moins ce qu’il en reste) de la poussière et des petites maisons d’ouvriers. Toutefois, il est bon de savoir qu’il y a eu dans cette partie de la vallée de la Meuse une vie avant que John Cockerill ne vienne y installer ses usines.
Seraing qui s’étend en hauteur jusqu’au Sart Tilman, comprend également la commune de Jemeppe sur la rive gauche. C’est ainsi que si l’on va sur le site internet de l’office du tourisme, on y découvre avec étonnement que la ville ne compte pas moins de six châteaux, hélas tous ne sont pas visitables.
J’avoue que c’est un peu par hasard que j’ai trouvé l’annonce d’une visite guidée intitulée « Sur les traces de John Cockerill » cette visite incluait exceptionnellement la visite du château de bord de Meuse, celui des anciens prince-évêques. Depuis des lustres, ce château abrite des bureaux et n’est donc pas accessible. Contrairement aux autres châteaux généralement situés sur la cime des berges de la Meuse (Aigremont, Warfusée) celui-là est en bas, le long du fleuve derrière le pont.
La visite a commencé devant la statue de John Cockerill, fils d’un industriel anglais dont l’installation fut facilitée par le roi des Pays-Bas Guillaume d’Orange qui à l’époque régnait sur notre territoire (repartage de l’Europe par le Congrès de Vienne après 1815). Cette statue se trouve en face de l’hôtel de ville et représente John Cockerill et aux quatre coins du piédestal des statues d’ouvriers en grandeur réelle.
L’hôtel de ville est une belle maison avec un perron à deux escaliers qui rappelle un peu l’entrée de l’hôtel de ville de Verviers ou de celui de Liège. Ce bâtiment qui apparaît plutôt de style XVIIIème, date en fait du XIXème. Au premier étage, la salle des mariages est dotée d’un plafond ou un artiste du cru (Edouard Masson) a peint des scènes de l’industrie locale.
Ensuite, ce fut la découverte du château situé quelque 200m plus loin.
Les prince-évêques n’avaient pas que le palais de la Place St Lambert comme résidence, ils avaient les moyens de s’en payer une seconde et, croyez-moi, elle ne ressemblait pas à une petite maison de campagne, même si le fait de se retirer à la campagne était le but du jeu. Comme l’a dit un des visiteurs :’ Eh bien, ils ne s’emmerdaient pas les prince-évêques ! ».
Le bâtiment actuel fut construit au XVIIème siècle sous Georges-Louis de Berghes (vous voyez que le prénom Georges-Louis ne date pas du XXème) mais a subi des dégradations puis a été restauré sous le prince bien aimé des Liégeois François de Velbruck. Devenu propriétaire du château après 1815, Guillaume d’Orange en a fait cadeau à John Cockerill. Quand on passe devant, on voit une façade assez grande, mais on ne se doute pas que ce n’est qu’une partie du bâtiment.
En effet, c’est une construction en U dont le petit côté se trouve vers l’amont de la rivière, tandis qu’à l’opposé une magnifique grille aux armes de GL de Berghes ouvre sur un parc arboré qui a dû être bien plus grand que ce qu’il en subsiste. Il ne nous a bien entendu pas été donné de voir toutes les pièces, mais une partie, notamment celles qui ont été restaurées pour l’année 2017, bicentenaire de l’accession à la propriété de John Cockerill. La salle capitulaire est austère, car lambrissée de chêne jusqu’au plafond. Par contre, d’autres pièces ont bénéficié d’habiles restaurations.
La tâche fut confiée à des dames qui ont effectué des recherches sur l’ornementation et les couleurs utilisées à l’époque, ce qui a abouti à la merveilleuse galerie en vert et blanc, éclairée par des lustres de style contemporains sans que cela choque le regard. De même pour quelques autres pièces où l’on peut recevoir des visiteurs.
Si vous êtes intéressé(e) par cette visite, je vous signale que la prochaine est programmée le 14 septembre.
L’autre produit phare de Seraing est bien entendu le site de l’ancienne abbaye du Val Saint-Lambert qui pendant des années a abrité les fameuses cristalleries du même nom.
Malgré bien des efforts de modernisation de la production, la cristallerie a arrêté toute activité depuis bien longtemps. Le cristal taillé était un des fleurons de notre savoir-faire, mais il n’intéresse plus personne. Depuis, le site végète car il n’est pas suffisamment aménagé pour attirer des touristes. Pour procéder à sa réouverture, il faudrait à la fois des moyens et du personnel. On attend des jours meilleurs.
Pour plus d’infos : https://siseraing.be 04/336.66.16 (veuillez noter qu’une personne vous répond tout de suite, pas un répondeur et c’est bien plus agréable ! )