Alors que des artistes de renommée internationale, tel le Belge Luc Tuymans, font revenir la peinture sur les murs des galeries, des disciplines contemporaines, telles la vidéo ou les installations, semblent boudées par les amateurs. A contrario, une véritable passion pour les œuvres de rue fait voyager des fans de tout âge aux quatre coins du monde. L’art, on aurait tendance à l’oublier, n’a pas de frontière. C’est même sa vocation. Tour d’horizon des initiatives françaises.
Quelques lieux proches
Auteur d’une fresque à la bibliothèque Aimé Césaire (Paris XIV), Romain Froquet expose son travail jusqu’au 24 décembre à la galerie Art&Craft, dans le treizième. Un travail assez classique, très influencé par le manga comme de nombreux streets artistes de sa génération.
Toujours à Paris, le duo allemand Herakut a reçu les autorisations ad hoc pour réaliser leur première grande fresque sur les murs d’une école, dans le XIIIième encore. Pour ce faire, quelques croquis avaient été proposés aux habitants du quartier. Ces derniers ont choisi une jeune femme noire casquée. Le traitement mérite sincèrement le détour. La galerie Mathgoth représente les peintres dans la ville lumière.
Une œuvre des artistes Zag et Sia s’y visite enfin. Pour les trente ans de la disparition du génial trublion, un immense portrait de Coluche dévale des escaliers, à 100 mètres de là où il vivait.
A Nantes, c’est le graffeur KAZY. K qui vient de prendre place à « La fabrique », un espace spécialement dédié à cette forme artistique. Un immense chat masqué, à la fourrure narrative, est proposé aux critiques des visiteurs.
Toujours dans l’ouest de la France, c’est l’artiste Mika qui a investi la ville de Bordeaux. C’est dans un lieu alternatif qui abrita jadis la caserne Niel, que l’auteur a flanqué un immense oiseau multicolore sur un mur en friche.
A Boulogne-sur-Mer, le Canadien Emmanuel Jarus a investi un des 5 murs aveugles mis à la disposition pour le premier festival du street art de la ville. La peinture est inspirée d’une photographie de Frédéric Briois et représente un pêcheur du cru. Le Grafitti Artiste « Shadow » y est également présent et a choisi de rappeler que San Martin, le libérateur de l’Argentine, y passa de vie à trépas.
Dans les villes belges, de nombreux circuits sont également proposés à ces touristes culturels d’un genre nouveau. A Bruxelles, l’ancien bâtiment Solvay à Ixelles, a été « occupé » par l’artiste belge Denis Meyers. Des visites ont été organisées. Le bâtiment de 25.000 m2 n’a pas désempli du 23 avril au 15 mai. L’ASBL Arkadia qui coordonnait les rencontres, n’a d’ailleurs pas pu répondre à toutes les demandes. Preuve s’il en est que le tourisme peut se réinventer sur des bases originales.