J’ai une casse dans mon salon. Vous savez tous ce que c’est : une boîte plate avec des compartiments de tailles différentes pour y déposer les caractères en plomb utilisés pour la composition typographique. Autant dire un truc qu’on n’utilise plus ou alors dans des musées de l’imprimerie. A noter que les caractères minuscules étaient dans le bas, d’où l’expression « bas-de-casse ». J’utilise une vieille casse authentique – je ne suis pas le seul – pour y déposer des souvenirs de voyages. L’avantage est que ces souvenirs devaient impérativement être petits. Aujourd’hui, la casse est pleine.
L’autre jour, ne voulant pas laisser ce travail fastidieux à la femme d’ouvrage (oui, je sais, on dit « technicienne de surface »), je me suis enquis de la nettoyer, ainsi que les pièces qui la décorent. J’y ai retrouvé, pêle-mêle – et entre plein d’autres – « le plus petit livre du monde » (écrit par Marc Oschinsky) intitulé « Petits caractères », « le plus petit Spirou » du monde, un bouddha, une statue d’Anubis, un dodo, des maisons amstellodamoises, des petits bateaux de pêche, un masque africain, un koala, la Ford de Gaston (en taille-crayon), un vase chinois, une maison des Pouilles ou un petit bout du mur de Berlin.
Et encore une petite fiole de pilules malienne pour « contrer les faiblesses » si vous voyez ce que je veux dire, un chandelier, une baleine de Seattle, un jeu de carte qui tient dans une main fermée, de la poussière d’or d’Afrique du Sud, un santon de Provence (plus un moulin), la grande (enfin…) roue de Vienne, un Viking, un coco-fesse, une statue érotique indienne, le « X-Wing » de Star Wars et des mini-dictionnaires français-allemand ou français-espagnol qui m’ont bien servi.
Si le nettoyage de la casse m’a pris tout un après-midi, c’est parce que chaque pièce me rappelait des souvenirs précis m’incitant à retourner dans mes albums de photos (c’était de l’argentique à l’époque). Et cet après-midi-là, alors qu’avec mon petit pinceau, je m’attelais à attaquer une corvée, j’ai fait le tour du monde. C’était merveilleux.
La citation du début
« Réfléchir, c’est difficile, c’est pourquoi la plupart des gens jugent » (Carl Jung)
Le menu au menu
Je déjeunais dernièrement avec Serge Schultz, l’ancien directeur de l’hôtel Métropole (entre autres) au cœur de Bruxelles. Son combat actuel – il en a eu plusieurs – est la « manie des menus ». Plus de cartes dans les restaurants, mais un menu qu’aura concocté le chef au gré de ses humeurs. Plus question de saliver devant une carte bien remplie. Et le pire, m’explique-t-il est que les grands chefs, au lieu de réprimer cette tendance, l’adoubent : « Corollaire immédiat : tu es à peine sorti du restaurant et tu ne sais plus ce que tu as mangé. Moi, j’ai envie de manger à la carte, je paye pour ça. » Bref, il ne veut pas qu’on décide pour lui. On peut le comprendre.
Les brasseurs belges
J’apprends que la brasserie Saint-Feuillien a investi 20 millions d’EUR pour une nouvelle ligne d’embouteillage. Moi, je dis NON ! Il y a assez d’embouteillages comme ça en Belgique !
Coluche
A l’occasion des élections présidentielles françaises, tout le monde se souvient de la candidature de Coluche en 1981. Elle aurait pu mettre l’élection de François Mitterrand à mal, comme l’a montré Volodymyr Zelensky en Ukraine. Raison pour laquelle, il avait été approché par Jacques Attali pour renoncer. Ce qu’il fit. Et du reste, Attali lui fut d’un grand soutien pour la création des « Restos du Cœur ». Mais ce n’est pas le sujet.
Je me suis souvenu avoir interviewé Coluche. Il était venu à Bruxelles au plus fort de la mode des blagues belges. Je l’avais vu au Cirque Royal avant son entrée en scène, avec une question toute simple : « Ne craignez-vous pas des tomates ? » Et il m’avait répondu : « Mais non ! Ce sont les Français qui rient au premier degré ! Les Belges sont plus intelligents que ça ! » Mais, au cours de la représentation, pas de « blagues belges ». Les sketchs habituels, bien accueillis, mais… Puis, on sent que le spectacle touche à sa fin et le pubic scande : « Les blagues belges ! Les blagues belges ! » Et Coluche s’exécute. Un triomphe !
Je le retrouve en coulisse : « Vous voyez ! Qu’est-ce que je vous avais dit ! » Il était heureux.
La citation de la fin
– Vous aurez beau faire, Monsieur, dit la jolie marquise, vous n’aurez jamais mon cœur…
– Je ne visais pas si haut, Madame (Molière)
Une petite dernière ?
– Tiens, c’est marrant, tu as noté que tu as deux chaussettes de couleurs différentes ?- Oui, c’est curieux, hein ? Et figure-toi que j’ai deux paires comme ça !
Patrick Anspach