Un fays, de fagus, hêtre, est une hêtraie, et celle-ci a donné son nom aussi bien au village qu’au ruisseau qui le traverse. Nous sommes aux confins de la province de Namur, à un jet de pierre de la vallée de la Semois, laquelle change d’orthographe dès la frontière passée pour devenir, en France, la Semoy.
Et qui dit Semois dit forcément tabac : la région s’était faite une réputation mondiale dans la production de tabac pour les fumeurs de pipe ; les plus anciens se rappellent sûrement ces paquets d’un brun orangé en forme de cornet de frites, contenant un tabac foncé et coupé grossièrement, qui sentait si bon !
Le village de Gros-Fays est un modèle de village ardennais avec ses maisons de schiste aux fenêtres garnies de briques ou de pierre bleue. Le château-ferme a jadis été coupé de ses dépendances pour y faire passer la route. Le village possédait un moulin (à eau, bien sûr) et un lavoir, qui est magnifiquement restauré.
On parle souvent de la déforestation de nos régions, et pourtant… Les bois de Gros-Fays représentaient, au XIXe siècle, à peine un quart du territoire de la commune. Ils couvrent aujourd’hui une surface près de trois fois plus vaste. La culture du tabac a quasiment disparu dans la région, et pour venir s’installer à Gros-Fays, il faut aimer la quiétude ! Pas de boutiques de mode, pas de lieux squattés pour une rave-party : la tranquillité lente de l’Ardenne profonde. Qu’est-ce que ça fait du bien !