Me reconnaissez-vous ? Un jour, un responsable de la Sûreté de l’État (l’équivalent belge de la DGSE) me confiait que je n’aurais aucune chance d’entrer à son service (ce que je ne voulais pas d’ailleurs) parce que ma tête était «trop connue» du fait de passages en télévision ou de portraits illustrant mes éditoriaux : «Ce dont on a besoin, ce sont des anonymes, dont on a vite oublié le visage.» Depuis lors, je me dis que ceux que je ne reconnais pas lors de cocktails feraient d’excellents agents secrets.
Maintenant, je ne crois pas non plus être un excellent physionomiste et c’est très gênant. Une jolie jeune dame m’a apostrophé en m’embrassant et me tutoyant, mais je ne me souvenais plus du tout d’elle, ni même si nous avions eu une… euh… «relation», disons. Au bout d’un certain temps, il devenait difficile de lui demander où nous nous étions vus et quand. C’est très embarrassant.
A l’époque où il était président de la Sabena, j’étais assez lié avec le Suisse Paul Reutlinger. Il avait été représentant de Swissair en Belgique dans les années 1970 et c’est à cette époque que je l’avais rencontré. Quelques années plus tard, il occupait de hautes fonctions à Zurich et je me souviens d’une conférence de presse où j’étais tout au fond de la pièce, laissant les places de choix aux journalistes helvétiques. Je demandais en vain la parole, mais l’attaché de presse ne me voyait pas. A un moment, Reutlinger l’a interrompu et a dit : «Laissez la parole à monsieur Anspach, cela fait dix minutes qu’il lève la main.» Autant dire que j’ai été soufflé.
Revenu à Bruxelles pour la Sabena, je lui avais rappelé cette anecdote et il m’avait confié : « En Suisse, appeler chacun par son nom lorsqu’on le reçoit à un cocktail ou autre est une marque de respect et de courtoisie. Du reste, dans les grandes écoles, nous sommes entraînés à cela. Le plus dur est évidemment de reconnaître les gens hors contextes habituels, mais il y a des techniques. Et on apprend aussi à retenir le superflu qui fait néanmoins plaisir. Ainsi, je te pose la question : collectionnes-tu toujours tes petites maquettes d’avions en métal ? » Et il était parti d’un grand éclat de rire. En tout cas, c’était une belle leçon, la preuve, je m’en souviens encore aujourd’hui.
La citation du début
« Le mariage est comme le restaurant. A peine est-on servi qu’on regarde ce qu’il y a dans l’assiette du voisin. » (Sacha Guitry)
Solidarité avec l’Ukraine
Cela fait des années que Bruxelles est solidaire avec l’Ukraine. La meilleure preuve est que toutes les barricades qui encerclent les chantiers sont jaunes et bleues. Et pour bien marquer cette solidarité, on a multiplié les chantiers ou personne ne travaille. Tof, non ? (c’est du bruxellois).
Mes Polonaises
Ma femme d’ouvrage s’est cassé le genou. Elle en a pour plusieurs semaines de récupération, la pauvre. J’en ai pris une autre en remplacement. Elle est polonaise comme l’autre, mais au lieu de parler anglais, elle parle néerlandais car elle s’était établie à Anvers. Moi, le néerlandais, je maîtrise, quoique… Autant je peux discuter avec le président de KLM de marges bénéficiaires, de taux de remplissage ou de taxes aéroportuaires, autant j’ai constaté que je ne savais pas comme dire « aspirateur » ou « pantoufles ». Et me voilà à rechercher dans le «Boerebach» (dictionnaire franco-néerlandais réputé) des mots usuels comme «tiroir» ou «chemises à manches courtes» ! Si je m’étais attendu à cela ! Enfin, c’est bien, ça me rappelle mes vieux cours de néerlandais : « Piet en Liesje zijn in de keuken… » Tous les Belges francophones connaissent !
Un dîner avec Clooney ?
Quand je m’emmerde à une tablée ou que je me dis que j’aurais mieux fait de regarder le dernier James Bond à la maison, je dévisage mes voisins et je les transforme. Tiens, celui-là, il ressemble George Clooney et celui-ci à Hemingway ; celle-là à Marlène Jobert et elle à Liza Minelli. Tout de suite, l’ambiance est plus merveilleuse ; je suis en excellente compagnie et je profite mieux. Le truc est imparable : essayez, vous verrez…
La citation de la fin
«Une bonne omelette, une mauvaise omelette, ça prend le même temps. Alors, autant en faire une bonne.» (Vincent Lindon)
Une petite dernière ?
Un avion s’abîme en mer. Seuls deux rescapés qui se retrouvent sur une île déserte et loin de tout.
– Le mari : «As-tu payé nos impôts ?»
– Elle : Ben, non…
– Et le cadastre de la maison ?
– Non plus…
– Et la facture d’électricité ?
– Pas plus !
Et le mari se jette dans les bras de sa femme : «C’est formidable ! Ils vont nous retrouver !»