La société en triangle

Il m’est arrivé, dans ma série d’articles sur les Plus Beaux Villages de Wallonie, de mentionner l’existence de places franques. Ce sont des places en triangle, dont l’origine remonte à une manière de gouverner qui mettait en présence les trois principales branches de la société. En est-il différemment aujourd’hui ?

Un côté de la place était occupé par le pouvoir, c’est-à-dire le roitelet local, ses hommes d’armes et sa «cour» de notables. Rien de changé, si l’on y réfléchit, sauf que les hommes d’armes sont maintenant une armée de fonctionnaires au service du pouvoir. Le 2e côté était réservé à la caste des prêtres. Comme il n’y en a plus guère aujourd’hui, disons qu’il reste la classe des intellectuels, les enseignants, les artistes. Enfin le 3e côté était dévolu aux «producteurs»: agriculteurs, fabricants, artisans, marchands, une catégorie dans laquelle on reconnaît «la classe moyenne», «le tiers-état» comme on disait jadis.

Quel rapport avec le tourisme, me direz-vous ? C’est que le tourisme est une activité de loisirs, donc non essentielle à la survie. Toutes les anciennes catégories franques peuvent s’offrir ces plaisirs accessoires… tant qu’on ne les en empêche pas ! La première catégorie peut même passer au-dessus des embûches placées dans les activités de loisirs. Les autres doivent bien s’y soumettre.

Or la plupart d’entre nous, et en tout cas les agents de voyages, sont à la fois des «producteurs» et des consommateurs de loisirs. Cette 3e catégorie est la vache à lait de tous les États: elle produit des biens de consommation et des services, et surtout elle produit la richesse de l’Etat par ses taxes multiples. Et quand on met des freins à ses activités, elle est la première perdante.

Prenons le télétravail, par exemple. Il convient parfaitement à la 1e catégorie de nos anciens Francs, beaucoup moins à la 2e, et très peu à la 3e catégorie. Les coiffeuses, les kinés, … et les restaurateurs ! Parce que si les actifs, en plus des fonctionnaires et des dirigeants, ne se déplacent plus, c’est tout le secteur de la restauration qui souffre. Les déjeuners et dîners d’affaires, qui déjà n’étaient plus déductibles fiscalement, sont carrément supprimés. Si c’est pour endiguer momentanément une pandémie, on peut comprendre. Si c’est pour imposer une idéologie, c’est bien plus grave.

Bruxelles va s’en rendre compte un jour ou l’autre, mais il sera trop tard. (Et quand je dis Bruxelles, je parle de la ville et non des institutions européennes qui ont pour nom UE, Commission, ce que vous voulez, mais pas Bruxelles !)

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