Depuis la comédie «Madame Sans-Gêne» de Victorien Sardou, le sans-gêne est devenu une attitude presque exclusivement masculine. On a tous vu ces reportages de jurnalistes de la télévision qui sont en extérieur pour faire leur métier ; on a tous vu aussi ces crétins qui interfèrent dans l’émission pour «passer à la télé».
Il y en a de deux catégories: ceux que rien n’arrête, et les plus timides. Les premiers viennent jusqu’à gueuler dans le micro en l’inondant d’alcool ou faire des grimaces correspondant à leur niveau culturel juste derrière le journaliste. Les seconds se placent à 15 mètres en arrière, mais bien dans l’axe de la caméra, et ils téléphonent discrètement à leur copine en disant: regarde, je suis en direct à la télé. Les très timides font pareil, mais ils ne regardent pas la caméra, ils font semblant d’avoir une discussion d’affaires sérieuse, et à cet endroit bien précis.
Il y aurait une solution très facile à ce problème. Il suffirait d’informer ces messieurs qu’une étude scientifique a prouvé que les personnes se livrant à ce type de perturbations sont toutes munies d’un tout petit sexe.
Le sans-gêne en tourisme est hélas une attitude tout aussi fréquente. C’est surtout lors de repas qu’elle se montre. Avez-vous jamais tenté de vous servir sur un buffet de petit-déjeuner en même temps que quelques Russes ? Il y a aussi les Chinois qui se font un plaisir de manger devant vous avec la bouche bien ouverte pour la mastication, et les particules qui s’échappent de la bouche.
Plus sympathique, ce passager à côté duquel je volais un jour de Rouyn-Noranda à Québec. C’est la première fois qu’il prenait l’avion. On nous sert un plateau-repas (ça se faisait à l’époque) avec entrée, salade, plat et dessert.
Et comme j’avais laissé un bout de mon pain et quelques pennés dans mon assiette, le gars m’apostrophe avec son accent à couper au couteau: «Ça te dérange si je vide ton assiette ?» Et il a nettoyé mes restes avec mon bout de pain. Sans-gêne ? Après tout, s’il avait faim, on ne peut lui faire de reproche.