Voici comment ne plus vous laisser manipuler par Internet

J’ai souvent coutume de dire que le point commun entre le Brexit et la victoire de Donald Trump, c’est que dans les deux cas la première victime du scrutin est la même: la vérité.

Ce que je veux dire par là, c’est que les citoyens, mais également les experts économiques, sont victimes de ce que les psychologues appellent un « biais de confirmation ». Ce biais, nous en sommes tous victimes. C’est cette « maladie » qui nous empêche d’ouvrir notre esprit à d’autres vérités que nos a priori. Et c’est pourquoi, tant pour le Brexit que pour l’élection de Trump, des sites de Facts Checking ont eu beau jeu d’expliquer et de démontrer telle ou telle affirmation d’un candidat, de dire que telle ou telle déclaration n’était pas fondée ou que tel ou tel chiffre était faux.

Mais rien à faire, les citoyens ont balayé d’un revers de la main ces critiques pour se focaliser uniquement sur les informations qui confirmaient leur thèse. Pour le Brexit, par exemple, en se concentrant uniquement sur le fait que l’Union européenne coûtait plus qu’elle ne rapportait aux Britanniques. Et pour Donald Trump, en se focalisant sur le fait, par exemple, que Mme Clinton était corrompue et représentait le visage le plus hideux de l’establishment… tout en oubliant au passage de dire que la réussite dans la promotion immobilière ne pouvait pas se faire sans verser des pots-de-vin.

Le pire, c’est qu’Internet renforce ce biais de confirmation. Nous nous rapprochons de ceux qui pensent comme nous, ils deviennent nos amis sur Facebook. Du coup, nous lisons les mêmes articles qu’eux, des articles qui évidemment nous renforcent dans nos a priori ou convictions. Et pour couronner le tout, avec la personnalisation que permet aujourd’hui le Net, les avis contraires aux nôtres n’apparaissent même plus dans les communautés d’individus qui pensent forcément la même chose.

« Comment nous protéger du biais de confirmation sur Internet ? »

D’où la question posée aujourd’hui: comment nous protéger de ce biais de confirmation ? La réponse existe depuis longtemps et il faudra la redécouvrir. Il faut, comme disent les Anglais, « Murder your darlings » (1), autrement dit tuer ce qui nous est le plus cher au monde. C’est un conseil que donnait un critique littéraire britannique aux écrivains qui ont la plus grande peine à supprimer des phrases, certes belles, mais superflues. L’idée ne s’adresse pas seulement aux mauvais écrivains, mais à nous tous.

Elle veut dire qu’il faut combattre de toutes nos forces notre biais de confirmation. Commençons par écrire nos dogmes en général, sur les placements financiers, sur le mariage, sur les régimes alimentaires, sur les élections ou sur notre carrière ou que sais-je encore. Et puis, il faudra ensuite réfuter un à un tous ces a priori, ces fameux biais de confirmation. Comment ? En nous lançant à la recherche de preuves contraires. Bref, tuer nos idées favorites est quelque chose de très difficile, mais cela doit nous permettre de faire partie des esprits éclairés. Voilà le prix à payer pour ne pas prendre des vessies pour des lanternes. Allez, dès lundi je commence à me soigner.

(1) Lire aussi Rolf Dobelli, auteur de « arrêtez de vous tromper ! »

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