Je vous ai parlé hier de notre économie qui avait, en quelque sorte, été «covidée» et comment cela empêchait ce retour à la «normale» qu’une partie de la population souhaite. Aujourd’hui, j’ai envie de vous dire que la manière dont le gouvernement régional wallon est composé risque aussi de «covider» la reprise.
Chaque euro de la relance est systématiquement divisé en trois : un tiers pour la partie verte ou écolo, un tiers pour la partie sociale ou socialiste et un tiers pour la partie économique ou libérale si vous voulez. Chacun des partis autour de la table est content sauf que cette manière de répartir les deniers publics n’a pas toujours du sens sur le plan économique, notamment parce que tout l’effet levier est perdu à cause de cette clé DHONDT économique qui ne dit pas son nom. La clé d’Hondt est la répartition des sièges politique, mais appliquée ici aux derniers publics.
Est-ce la faute aux politiques ou aux citoyens qui ont voté en ordre dispersé ?
Je vous laisse seuls juges de la réponse à cette question.Au niveau fédéral, l’action gouvernementale est elle aussi «covidée» en ce moment. Il n’y a qu’à regarder le débat sur le nucléaire. La transition énergétique, tout le monde autour de la table est en faveur, mais comment le faire à court terme sans le nucléaire ? Bonne question, docteur. Mais comme on n’arrive pas à trancher, la Belgique a inventé un nouveau concept: la «transition sans solution».
Heureusement qu’il y a encore quelques entreprises qui sont là pour nous dérider. Une publicité sur une page entière d’un quotidien économique en France montre deux pilotes d’un avion d’une compagnie low cost européennes et qui disent en substance que leur ambition est de nous accueillir sur des vols à zéro émission de CO², d’ici 2050. En sous-titre, la publicité dit clairement que dès que des avions zéro émission seront disponibles, nous pourrons voler sans polluer.
Jean-Marc Jancovici, un spécialiste des matières énergétiques n’a pas hésité à flinguer cette pub en s’engageant – de manière ironique – à des promesses similaires. «Dès qu’il court plus vite qu’Ushain Bolt, il s’engage à participer aux Jeux olympiques. Dès qu’il aura autant d’argent qu’Elon Musk, il s’engage à acheter l’Amazonie pour la préserver. Dès qu’il sera reçu à l’Académie française, il s’engage à ne plus faire de fautes d’orthographe»…
Le souci avec cette publicité, comme l’indique bien Jean-Marc Jancovici, «c’est que même avec des technologies «zéro CO2» qui arriveraient en 2050, il faut déjà avoir baissé les émissions de 80% d’ici là. Ce que dit cette pub de manière subliminale, c’est que la solution est en route et qu’il ne faut pas avoir peur de l’avion». Quand on pense à tout ça, on se dit que la transition écologique, c’est aujourd’hui plutôt … « lost in transition ».