Le titre est un peu présomptueux, puisque je ne me suis rendu que dans deux villes. J’aurais pu titrer «La différence entre une ville et une ville apaisée», puisque c’est ainsi qu’on appelle les villes desquelles la voiture est bannie.
Le vendredi est jour de marché à Maastricht: un grand marché, qui se déploie devant et autour de l’hôtel de ville. Rien de bien original, mais quelle animation ! Au moins une personne sur cinq parlait français: ce n’est pas étonnant, quand une dame de la région de Visé me disait préférer Maastricht à Liège pour faire ses courses: les prix sont pareils, mais la sécurité et la propreté sont largement en faveur de la ville limbourgeoise.
Il faut dire aussi que les Wallons s’y sentent un peu chez eux ! Non seulement parce que la ville faisait partie de la Principauté de Liège durant mille ans, mais encore parce que le français y est très utilisé: vous ne verrez pas de « bakkerij », mais des boulangeries et pâtisseries, en français sur la façade.
Et puis quelles belles basiliques romanes ! Saint-Servais et Notre-Dame sont des chefs d’œuvre de l’architecture romane ; dommage qu’elles ne soient pas entièrement libres d’accès. Les ruelles
typiques du vieux centre sont vraiment jolies, en mauvais pavés, mais qu’importe. On y trouve encore des commerces de petits artisans, et surtout des cafés, dont la plupart sont appelés «eet-café», signifiant qu’on y sert de la petite restauration.
Sur la Grand-Place devant la basilique Saint-Servais se trouve l’un des cœurs gastronomiques de la ville: un côté entier de la place est consacré aux restaurants. Les prix sont les mêmes que chez nous, la cuisine est un peu moins sophistiquée, plus «paysanne» oserais-je dire, au sens le plus délicieux du terme. Il y a bien 10 ans que je n’avais plus dégusté du lapin, qui semble être une spécialité de l’endroit tant il était proposé dans de nombreux restaurants.
Il faut dire aussi que la signalisation pour le visiteur est parfaite : à chaque coin de rue, des poteaux indicateurs renseignent la direction de tout ce qu’il faut voir. Comme par exemple le moulin privé de l’évêque… Les hommes d’église ont toujours été bien nourris.
Agréable visite, donc. Et puis comme il restait une après-midi à passer, nous avons décidé d’aller à Tongres, une ville que je n’avais plus vue depuis mon enfance ! À l’époque, un tramway vicinal la reliait à Huy en traversant toute la Hesbaye, il était donc plus facile d’aller faire des achats à Tongres qu’à Liège. Je me souvenais d’une petite ville animée, vivante. Depuis, elle est «apaisée». C’est un euphémisme pour dire qu’elle est morte, complètement morte.
Sur la vaste place devant la basilique, là où Ambiorix se dresse fièrement, il n’y avait pas plus de 15 personnes. La grande rue commerciale était quasi vide, il restait à peine un commerce sur trois.
Ce qui frappait surtout, ce dernier vendredi, jour de semaine donc, c’était le silence ! Un silence tel qu’il en devenait oppressant. Est-ce que cet «apaisement» plaît aux habitants ? J’ai de très gros doutes. Il suffit de compter le nombre de maisons à vendre où à louer.
Tongres qui fut, au temps de César, l’une des plus grandes cités du Nord de la Gaule, est devenue une ville-home. Et pas dans le sens du «home sweet home», mais dans celui de home de vieux. Une ville morte, vous-dis-je.
C’est triste: si les gens choisissent d’habiter en ville, c’est justement parce qu’ils aiment l’animation, l’offre de magasins, de restaurants, de cafés, l’offre culturelle aussi.
ET tout cela ensemble, avec en plus les moyens d’accès et les places de stationnement.
On sait à quoi l’on peut s’attendre maintenant, dans beaucoup de villes du pays, et surtout dans la capitale. Personnellement, cela ne m’apaise pas du tout.
goooooooooooood