Combien de fois ne l’avons-nous pas entendue, cette phrase, après quelques mois de pandémie et surtout de confinement : « Rien ne sera jamais plus comme avant ». On le croyait, on l’espérait même dans certains domaines précis.
Deux ans après, tout redevient pratiquement comme avant. Mais il y a quand même une chose qui a changé : il semble que le covid ait fait bien plus, bien mieux et bien plus vite que les Gilets Jaunes et Greta réunis. Ces « lanceurs d’alerte » (comment les appeler autrement ?) ont eu leur rôle à jouer. Pas trop longtemps, heureusement, puisque plus cela durait, plus leur crédibilité s’envolait. En attendant, ils ont provoqué une prise de conscience : la croissance ne peut se faire au détriment de la Nature et de ses lois.
Notez que les deux mouvements cités étaient le plus souvent contradictoires, l’une voulant supprimer tous les carburants fossiles (mais sans trop réfléchir par quoi les remplacer), les autres voulant un prix abordable pour le diesel ! Incompatible. Mais les deux catalysaient toutes les frustrations populaires face aux problèmes planétaires qui nous dépassent.
Et tout, ou presque, est redevenu comme avant. On lit dans la presse que les chiffres d’affaires des banques et des géants de l’industrie sont revenus au niveau « d’avant ». La consommation reprend, sauf en Grande-Bretagne, mais là, la cause est différente. Tout est redevenu comme avant.
Sauf dans le domaine qui nous touche le plus, nous, actifs dans le voyage et le tourisme : les carburants fossiles sont bannis. L’automobile devient électrique, avec des problèmes terribles d’approvisionnement en métaux rares, en charge de batteries, en traitement des batteries usagées. L’aviation et les grands bateaux de croisières sont les grandes victimes futures : ils sont montrés du doigt, accusés de tous les maux, parce qu’ils sont des symboles de voyages réservés aux nantis.
Image grotesque : on pointe du doigt 350 navires transportant quelques dizaines de milliers de personnes par an, quand nous sommes près de 8 milliards sur terre. On feint de croire que l’avion ne sert qu’à partir en vacances, en oubliant qu’il sert avant tout au commerce mondial, et que le commerce sert à l’industrie, laquelle procure la majorité des emplois, pour, au bout du compte, faire vivre des familles.
Personne ne dénonce l’internet, grand producteur de CO², ni l’industrie textile, ni l’air conditionné, ni le chauffage. Ce dernier est essentiel, évidemment. Mais l’airco, n’est-ce pas un luxe ? Mais il ne porte avec lui aucun symbole, donc il ne « parle » pas aux foules.
Alors, c’est le touriste qu’on montre du doigt, et son vecteur le plus prestigieux : l’avion. Plus jamais comme avant, pour notre industrie en tout cas. C’est pourtant la seule qui réfléchit à son avenir, comme ce fut le cas à Evora, la semaine passée.