Le fait que je sois plus bonobo que bobo n’empêche pas que je sois aussi un adepte du wokisme ! (Tiens, mon correcteur d’orthographe souligne le mot en rouge: je suis donc plus avancé que Microsoft !)
Le mot est utilisé par Anne Hidalgo, candidate déclarée à la Présidentielle française. Il veut exprimer le fait d’être « éveillé » à des problèmes sociétaux. Avant, on disait « conscientisé » : pas très joli non plus, mais au moins on comprenait.
Le vocabulaire chargé de sens positif fait son apparition partout, même quand on utilise des mots qui semblent négatifs. Ainsi en cuisine, par exemple : on parle maintenant en bien de la cuisine régressive : celle qui vous fait replonger dans votre enfance. Avant on disait, comme dans la pub du Dr Oetker, « la pizza de mamma », la recette de grand-mère.
Maintenant, c’est régressif. Il y a même un « système alimentaire résilient ». Je pensais que la résilience était la capacité de retomber vite sur ses pattes après une grosse tuile : pas du tout dans ce cas-ci ! C’est un système qui se veut modulaire ! Je ne vais pas tout vous expliquer, vos n’avez qu’à vous renseigner sur Google.
Ce qu’il faut, de nos jours, c’est avoir un langage positif. Ainsi par exemple, la chaîne d’information LN24, qui ne marche pas bien (on aurait pu le deviner tant le Belge est réfractaire au blabla) ; mais on ne le dit pas comme ça, on dit qu’en dépit de sa jeunesse, elle est à vendre, en tout cas elle cherche des investisseurs. Je ne vois pas bien ce que veut dire ce « en dépit de sa jeunesse », comme si c’était une garantie au départ, mais soit.
Dans le tourisme, l’évolution du vocabulaire est visible aussi. Prenons le Glamping par exemple : fusion des mots glamour et camping. Je ne suis pas un grand campeur, mais assez que pour me demander ce qu’il y a de glamour dans le camping. Il est vrai que je campe plus souvent sur mes positions qu’au bord de la Semois.
Enfin, le dernier exemple de langage positif appliqué à une situation dramatique : le cas de CWL. Le géant américain du voyage d’affaires est en mauvaise posture : on le serait à moins avec cette foutue pandémie.
Mais le spécialiste mondial des titres qui ne veulent rien dire a trouvé une manière de présenter les choses : CWT a en effet trouvé le moyen « to recapitalize the business and further strengthen its financial position as the recovery in business travel continues to gain momentum in key markets around the world. » C’est pas du discours positif, ça ? C’est même de la résilience due à certains pratiquants du wokisme dans l’entreprise.
Allez, mettez-vous au goût du jour ! Soyez des wokistes !