L’aviation commerciale est, et reste, souvent un mystère. Nous lisons chez un confrère que la compagnie aérienne SATA Azores Airlines lance une nouvelle liaison hebdomadaire (ou hebdo-Madère dans ce cas précis) entre Funchal et New York, sa troisième destination aux Etats-Unis.
Plus loin dans l’article, on réalise aussi qu’il existe une ligne entre Terceira (Açores) et Oakland (Californie). C’est d’ailleurs sur cette ligne qu’un Airbus A321neo LR a établi un nouveau record de distance en monocouloir avec 7.874 km parcourus d’une traite.
En quoi est-ce un mystère de l’aviation ?
Ce n’est pas ce record qui interpelle, mais plutôt des chiffres d’ordre commercial. Madère compte 254.000 habitants, et les Açores 245.000. Comment ces îles portugaises arrivent-elles à rentabiliser trois vols par semaine vers trois destinations américaines, alors que notre Brussels Airlines ne couvre (ou ne couvrira) que New York et Washington, et encore ! en partenariat ? Et sa « mère » historique, Sabena, ne faisait guère mieux.
Nous avons encore en mémoire la déception du Directeur commercial de Sabena, à la fin des années 1960, quand les autorités américaines ont attribué aux Belges la destination Atlanta alors qu’ils voulaient Chicago. Or Atlanta est devenu entre-temps l’aéroport les plus fréquenté des USA en termes de mouvements d’avions, c’était donc une opportunité à saisir, d’autant plus que quasi personne d’autre, en Europe, ne volait sur Atlanta.
Le mystère est donc celui-ci : Bruxelles, capitale de l’Union Européenne, au centre d’un pays de plus de 11 millions d’habitants et d’un marché potentiel de plus de 20 millions, est incapable de rivaliser avec un groupe d’îles portugaises au milieu de l’Atlantique.
Évidemment, le Belge est cent fois plus casanier que le Lusitanien, lequel a émigré en nombre et possède un sens du commerce très développé. Et puis, rien ne nous dit que ces lignes surprenantes comme Terceira-Oakland sont rentables ! Mais si c’est le cas, comment une compagnie européenne peut-elle survivre en accumulant des pertes ? Mystère… À moins que tout le monde ne soit pas traité de la même manière.
Air-Europa, par exemple, compagnie privée, a reçu près d’un demi-milliard d’euros d’aides gouvernementales en Espagne. Alitalia qui va disparaître a reçu bien plus depuis des années, sans soulever trop de problèmes de la part de l’UE. Mais en 2001, année de grands désastres, on n’a pu sauver la Sabena parce qu’il était « interdit par l’Europe de la refinancer ». Comprenne qui pourra.