Fin des moteurs thermiques à Bruxelles: ne pas confondre vitesse et précipitation !

Vous aurez certainement entendu cette nouvelle qui fait trembler le monde de l’automobile, mais qui nous touchera tous, à un moment ou à un autre, dans nos déplacements au quotidien. On parle ici de la volonté des autorités bruxelloises de bannir tous les moteurs thermiques d’ici 2035 et, concernant le diesel, dès 2030 !

Bien sûr la nouvelle n’est pas neuve, les prémices de cette décision avaient déjà été évoquées auparavant. Mais s’il s’agissait, à l’époque, d’intentions plutôt vagues. Ici, nous sommes bel et bien devant des mesures fermes et a priori définitives.

Que l’ensemble des secteurs économiques en général et la population en particulier, doivent faire des efforts pour limiter la pollution et l’émission de gaz à effets de serre, personne n’en disconvient plus. Nous savons que nous devrons tous faire des efforts, quel que soit notre niveau. Le secteur des transports ne pourra pas s’extraire de ces obligations.

Il n’empêche, décréter un tel bannissement, dans un délai aussi serré – 10 ans à l’échelle macroéconomique ce n’est rien – relève d’un manque total de considération pour les citoyens. Les plus fragiles économiquement en premier lieu.

Car, que l’on ne s’y trompe pas, ce sont bien les personnes les plus précarisées qui vont être exclues du droit fondamental de pouvoir aller et venir dans un moyen de transport librement choisi. Avec l’obligation de passer au 100% électrique dès 2026, le monde des entreprises devra déjà réaliser des efforts considérables d’un point de vue économique. Mais cela restera jouable, en tout cas pour les plus solides d’entre-elles.

Mais quid du reste de la population ?

Quand on sait que l’âge moyen du parc automobile belge tourne autour des 9 ans ! C’est-à-dire que si vous achetez un véhicule – essence ou, pire, diesel – l’an prochain, vous serez dans l’obligation de vous en défaire avant cette limite qui, rappelons-le est une moyenne !

Une voiture thermique bien entretenue et n’effectuant pas beaucoup de kilomètres chaque année peut facilement tenir pendant 12 voire 15 ans, sans aucun problème. Le genre de voitures que peut encore s’offrir une bonne partie de la population. Celle qui n’a pas les moyens de s’acheter une auto neuve tous les 4 ans. Et électrique de surcroît qui coûte le double voire le triple, y compris en occasion ? Voilà déjà un argument massue qui devrait faire réfléchir nos décideurs, mais il y en a bien d’autres…

En voulant supprimer les moteurs thermiques, diesel et ensuite essence, le gouvernement bruxellois n’admet aucune exception. Le CNG (gaz naturel) ? Balayé d’un revers de la main alors qu’il est prouvé qu’il permet d’économiser du C02 (-27%) par rapport à son équivalent à essence. Et comme il ne comprend presque pas de soufre, le CNG émet aussi très peu d’émissions nocives (-60% de NOx) et quasiment plus de particules fines. Le LPG ? Idem !

Mais que dire des véhicules hybrides et hybrides rechargeables ?

Ceux qui peuvent effectuer quelques dizaines de kilomètres sur le seul mode électrique ? À la limite, on pourrait les admettre en ville à condition qu’ils ne roulent que sur l’électricité ? Et bien non, même cette perspective-là n’est pas envisagée.

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Seule solution pour se montrer vertueux vis-à-vis de ces plans bruxellois ? Passer au 100 % électrique. La belle affaire ! Comme nous le disions plus avant, les entreprises devront franchir le pas dès 2026, mais, pour une part, elles en ont les moyens financiers et logistiques. Mais les particuliers et surtout ceux qui habitent en ville ?

Nos enquêtes démontrent que l’infrastructure de recharge n’est pas à la hauteur. En tout cas qu’elle n’est pas suffisante. Pas assez de bornes de recharge et, de plus, elles ne sont pas uniformément réparties sur le territoire. Alors « on » nous promet le décuplement de ces bornes, à coup d’incitants fiscaux et d’initiatives publiques avec des perspectives à…10 ou 15 ans !

Peut-on croire sur parole des responsables politiques qui nous promettent un RER depuis 30 ans et que ce dernier deviendra réalité, au mieux, d’ici 5 ans ? La réalité c’est qu’à Bruxelles, aujourd’hui, il y a moins de 200 bornes de recharge publiques, chacune disposant de 2 points de recharge, donc 400 en tout. Normalement la ville compte en proposer 250 (500 points de recharge) d’ici la fin de cette année. Mais 11.000 d’ici à 2035 ? Qui peut y croire ?

Mais il y a pire, car même avec autant de bornes publiques, même avec des entreprises ou des particuliers nantis qui seront correctement équipés, quid de tous ceux qui habitent en appartement ou à un endroit où il n’y aura pas de point de recharge ?

Devront-ils définitivement abandonner leur voiture s’ils habitent à Bruxelles ? Ou déménager dans une autre région ? Et les « navetteurs » du nord et du sud devront-ils également éviter la capitale ou s’y rendre obligatoirement en transport en commun ? 

Bref, des dizaines de questions se posent lorsqu’est évoquée cette problématique de la pollution liée aux moteurs thermiques. Encore une fois, Touring est bien conscient qu’il faut agir pour un meilleur devenir de notre planète. Mais cette initiative désordonnée de la région bruxelloise – qui suit en cela d’autres grandes villes européennes comme Paris – ne donne pas la chance au dialogue constructif nécessaire avant la mise en place d’une pareille révolution. 

C’est ce que Touring demande aujourd’hui : une concertation élargie de tous les acteurs de la société pour que cette transition s’effectue au bénéfice de tous, sans exclure de facto une partie non négligeable de la population. Il faut agir vite, certes, mais certainement dans la précipitation.

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