Voilà un comté du Royaume-Uni mis à l’honneur la semaine dernière à cause du G7, une volonté de Boris Johnson qui espère que l’événement va faire connaître cette région qui tient du Finistère en Angleterre. A l’extrémité sud-ouest de l’île anglaise, les Cornouailles dessinent une étroite péninsule aux côtes découpées qui plonge dans la mer Manche.
Le Land’s End, sa pointe la plus occidentale, est continuellement balayé par le vent et les vagues houleuses. Ailleurs, ce ne sont que falaises abruptes, petites criques discrètes, landes sauvages, ports colorés et plages sablonneuses.
Les Cornouailles, un rêve de vacances inédites.
Rester une heure, peut-être moins, peut-être plus, assis sur un siège de pierre adossé à la falaise, dans le Minack Theatre, un amphithéâtre à ciel ouvert construit face à la magnifique baie de Porthcurno, c’est s’offrir une pause exceptionnelle.
La scène est suspendue sur la mer et le regard du spectateur se perd dans l’immense étendue bleue qui s’étire jusqu’à l’horizon. Bleu flamboyant du ciel qui tombe dans le bleu d’encre de la mer. Éblouissement d’un décor rude et pourtant enchanteur.
Pays de légendes
C’est en Cornouailles entre autres que les dernières tribus celtes, repoussées par les invasions normandes, ont trouvé refuge. Aujourd’hui encore, les anciennes traditions celtiques restent vivaces, transmises jalousement de père en fils, que ce soit dans les villages de pêcheurs ou dans les comtés ruraux.
Il est vrai que l’isolement de la population dans cette étroite péninsule rocheuse, tout en baies et promontoires, en landes et en combes, a favorisé l’émergence d’un folklore vivace, alimenté par les fabuleuses histoires qui se racontent encore à la veillée, dans l’ombre des pubs où la bière coule à flot.
L’ombre du roi Arthur et de ses chevaliers de la Table Ronde plane toujours sur cette terre, patrie de la fée Morgane et de Merlin l’Enchanteur. Les souvenirs des amours de Lancelot du Lac et de Dame Guenièvre, de Tristan et Yseult flottent encore dans la brise de la mer.
Tintagel, petit village perché sur la côte sauvage, est dominé par les ruines romantiques d’un château où serait né le roi Arthur. En grimpant les marches qui y mènent et en flânant le long des remparts de la forteresse accrochée au sommet de la falaise, on ne peut que se sentir troublé par le charme mystérieux du site ouvert sur l’océan et battu par les vents.
On éprouve la même émotion quand on s’engage sur la digue mouillée qui mène au St-Michael’s Mount, la réplique cornouaillaise du fameux Mont Saint-Michel breton. Cette citadelle ancrée au sommet d’un rocher granitique se découpe dans la lumière du couchant en dégageant une aura ténébreuse saisissante.
Quand la foule a quitté les lieux, les petites ruelles pavées et les chemins de ronde qui ceinturent le site en ondulant entre les jardins suspendus retrouvent alors leur quiétude de jadis.
Pays de marins
Les Cornouaillais sont d’abord des gens de la mer, qu’ils soient pêcheurs ou matelots, voire même contrebandiers ou naufrageurs. Même si aujourd’hui les historiens du coin répugnent à admettre que des naufrageurs aient pu sévir autrefois dans la région, tout le monde s’entend pour raconter que d’aucuns allumaient des feux pour attirer les navires sur les récifs et s’empressaient ensuite de piller les vaisseaux désemparés.
D’autres anecdotes foisonnent sur la contrebande qui fit vivre jadis les gens du pays, principalement à Polperro, petit port de pêche tapi au fond d’une crique rocheuse, dans le creux d’une vallée étroite. Chaque maison, dit-on, recèlerait une cache secrète qui permettait d’abriter les marchandises interdites, écoulées ensuite à la barbe des douaniers locaux.
Une activité d’autant plus aisée pour des marins habiles qui mettaient ainsi à profit la rapidité de leurs petits bateaux de pêche et le relatif isolement de leur village. Aujourd’hui, Polperro est sans aucun doute un des ports les plus charmants de Cornouailles, avec ses coquets cottages blanchis à la chaux et garnis de vasques fleuries, avec ses venelles tortueuses bordées de maisons à colombages ornées de volets bleus.
Le regard rivé vers l’océan, les Cornouaillais ont toujours entretenu un lien étroit, voire intime avec le bleu de l’eau et le bleu du ciel. Quitter un port, c’est toujours pour en joindre un autre et au-delà encore d’autres…
Des quais au bout desquels brille un phare, des barques colorées qui dansent au rythme de la marée, des petits chalutiers que survolent les mouettes, et partout les mêmes maisonnettes qui ressemblent à des maisons de poupées et les éternels pubs où l’on déguste des fish and chips en écoutant les anecdotes que les Cornouaillais partagent volontiers avec les voisins de bar.
Pays d’écologie
Avec son climat maritime, ses températures douces descendant rarement sous 0° et ses palmiers, le comté des Cornouailles n’est pas sans rappeler la Côte d’Azur. La proximité du Gulf Stream encourage un microclimat qui assure l’épanouissement exceptionnel d’une multitude de plantes inattendues sous ces latitudes. Nombreux sont les parcs et jardins ouverts au public, même si la plupart d’entre eux servent d’écrins aux demeures de la bourgeoise anglaise.
The Lost Gardens of Heligan est un des domaines les plus magiques de Cornouailles. Le parc, immense, invite à une longue balade au cœur de différents paysages dont une jungle de plantes exotiques exubérantes ou encore des tunnels de bambous, de palmiers et de fougères arborescentes.
Visiter les jardins de Cornouailles, c’est s’offrir un voyage dans un espace où l’homme feint de s’éclipser devant les caprices de la nature, ou du moins joue-t-il avec sa fantaisie sans lui imposer d’ordre apparent. Intimes ou majestueux, aromatiques ou paysagers, romantiques ou sauvages, tous témoignent d’un profond respect de la nature. Les Cornouailles n’ont d’ailleurs pas attendu pour veiller à préserver des liens entre les hommes et le monde végétal.
Depuis 2001, l’Eden Project, la plus grande serre au monde, y aligne 5 dômes à structure géodésique pour abriter des espèces végétales du monde entier, regroupées le long d’un fabuleux parcours paysager. Un site futuriste qui surprend d’abord par sa démesure, on se croirait dans des bulles de savon géantes. Un million de plantes réparties entre un premier biome tropical humide et un second biome au climat tempéré et sec.
Une manière de voyager d’un continent à l’autre en quelques heures en se laissant submerger par l’importance du monde des plantes mis en péril par diverses activités humaines. En découvrant ainsi l’importance du végétal sur les enjeux environnementaux, chacun comprend rapidement qu’il n’est décidément qu’un simple maillon de la chaîne de la vie. Le développement durable devient alors la bonne réponse au défi à relever, centré ici sur le monde des plantes. C’est ainsi que l’envoûtante patrie des fées se veut aussi un véritable hymne à la nature.
Infos pratiques
Informations : auprès de www.visitbritain.com ou encore www.visitcornwall.com . Sachez qu’à l’heure actuelle, la Cornouailles n’est pas une région où se développe le variant Delta (indien) de la Covid.
A voir : Les amateurs d’épaves pourront satisfaire leur curiosité au musée de St Austell www.shipwreckcharlestown.com Le Musée du Patrimoine, des Contrebandiers et des Pêcheurs à Polperro est une autre visite insolite http://www.polperro.org Le parc écologique de Eden Project a son site www.edenproject.com ainsi que le château du Roi Arthur http://www.english-heritage.org.uk/tintagel
Y aller : Comme il est impossible de visiter les Cornouailles sans voiture, rien de tel que le ferry. Le P&O qui part 46 fois par jour de Calais jusque Douvres permet de joindre ensuite facilement la région! Réservations via le site www.POferries.be.
Se restaurer : Rien de tel que les pubs pour savourer l’incontournable fish and chips accompagné d’une Ale locale. Ne résistez pas non plus aux délicieux cornish cream teas, des scones servis avec de la confiture et de la crème fraîche.