Non, ce n’est pas une (mauvaise) blague ! Le front commun syndical a bien déposé ce jeudi, dans les formes requises, un préavis de grève « à durée indéterminée » tant pour les ouvriers (bagagistes essentiellement) que les appointés (personnel de ticketing, d’accueil, etc…). En cause, des déclarations très maladroites il est vrai, faites sur les réseaux sociaux par le CEO de Charleroi Airport Filip Verdonck.
N’empêche, alors que tous les aéroports du monde (à part peut-être ceux de Paris ?) se mettent en ordre de bataille pour faire face à ce qui ressemble enfin à un (sérieux) redémarrage de l’activité en ce début d’été, Charleroi Airport, avec ses quelques….200 destinations au tableau, pourrait être paralysé dans les prochains jours par un invraisemblable arrêt de travail.
Plus de flexibilité
Ce qui a mis le feu aux poudres : une interview du CEO qui, au tournant d’une phrase anodine, exige (encore) plus de flexibilité du personnel.
Rappelons que depuis le début de la crise sanitaire (mars 2020), les quelque 700 travailleurs de l’entreprise carolo sont, pour la plupart et en tournante, en « chômage corona », percevant à peu près 70% de leur salaire habituel.
Un dédommagement salarial à charge entièrement de l’État fédéral !
En 2020, Charleroi Airport a affiché un déficit de 22 M€, sans payer le loyer annuel (reporté) de 15 M€ à la Sowaer/Région Wallonne (Arrêt de la Commission Européenne) pour l’ utilisation de l’infrastructure.
Pour 2021, Verdonck annonce déjà une perte «au moins équivalente» et, dit-il, «l’année 2022 ne permettra pas encore de retrouver l’équilibre». Dans le même temps, le CEO implore le gouvernement fédéral de prolonger le «chômage corona», jusqu’ en décembre….2023 !! Sinon ?
Trois axes pour le redressement
C’est donc l’impasse sociale sur le tarmac de Gosselies et aucune information crédible ne filtre non plus sur le plan de redéploiement de l’aéroport hennuyer.
Un redressement, selon le ministre des aéroports wallons Jean-Luc Crucq, qui doit passer par la montée en puissance au sein du capital de l’opérateur privé franco-allemand SAVE (à 48%), une recapitalisation de la société par l’opérateur privé (10 millions dit-on) et la Région, une négociation avec la low cost Ryanair (80% du trafic à Charleroi) pour remonter (doubler, voire tripler !) les taxes d’atterrissage et, enfin, une réduction de l’ordre de 10% des coûts de fonctionnement.
C’est la mise en place de dernier point qui pose problème et qui crée de vives tensions aujourd’hui .
Qui pour désamorcer ?
Qui sera capable, au sein du management de BSCA, de désamorcer cette bombe sociale alors que la clientèle commence à revenir en force sur le plateau de Gosselies ? En tout cas pas Filip Verdonck qui a visiblement perdu toute crédibilité au sein des organisations syndicales !
Peut-être en saura-t-on davantage lors de l’assemblée générale annuelle, convoquée ce 18 juin prochain, et qui devrait, notamment, voir Gilles Samyn, ex-bras droit de feu Albert Frère, porter à la présidence du conseil d’administration de Charleroi Airport.